3 novembre 2009

De l'enfance, le meilleur

Il n'y a pas de plus faux adage que celui qui dit que la vérité sorte de la bouche des enfants. Au contraire, les enfants, parce que frêles et peureux, sont forcés de se mentir constamment à propos du monde réel afin de s'assurer que leur petit corps sans défense arrivera à survivre ou, du moins, à trouver le sommeil au bout de la journée, malgré cette mare d'informations terrifiantes qui les assaille sans relâche depuis qu'ils ont mis le nez dans ce monde-ci. Les enfants sont ignorants, donc spontanés, oui. Mais la vérité ne sort certainement pas de leur bouche.

Si la vérité sortait de ma bouche à 6 ans, sachez que l'élément le plus grandiose et le plus fascinant de la terre, ce n'était ni le feu, ni l'eau, ni le ciel, ni même l'amour. C'était l'autobus scolaire. Et que mon idée du rêve ultime vers lequel diriger toutes mes pensées afin de trouver le bonheur absolu, c'était de vivre à l'intérieur d'un écureuil géant qui me ferait des lifts un peu partout et dans lequel je pourrais regarder la télé.

Ce que le vieux sage voulait probablement dire en accordant maladroitement tout le crédit de la vérité à la catégorie de gens de moins de 12 ans, c'est que nous, adultes, devrions prendre exemple sur les enfants pour aimer notre prochain sans retenue et sans censure. L'adage aurait donc dû se lire comme suit: ''Prenons exemple sur les enfants pour aimer notre prochain sans retenue et sans censure.''

Pour le reste, agissons en adultes et essayons d'élever nos enfants comme du monde, dans la vérité.

Cela dit, si chacun de nous se souvenait à chaque jour de lui-même à l'époque où il était enfant, les adages auraient moins besoin d'exister pour nous rappeler qu'à l'intérieur de nous, il existe tout le matériel nécessaire - le coeur en tête de liste, avec ses envies les plus singulières - pour nous indiquer la voie à suivre pour nous rapprocher de la seule vérité qui nous conviendra, à nous seuls.

S'il est une chose que les enfants n'ont pas et à laquelle nous sommes soumis (et qui, apparemment, en submerge plus d'un), ce sont les responsabilités. Des obligations concrètes qui nous aveuglent et nous obligent à voir le monde autrement qu'avec le coeur, en calculant et en faisant des compromis majeurs vis-à-vis notre être. Jusqu'à ce qu'un jour, on croise au détour un enfant tout frais et bien mal élevé qui nous lance au visage qu'on est devenu vieux et laid. Ce qui n'est pas nécessairement la vérité, je vous le rappelle, mais le processus est sûrement enclenché il est souvent trop tard pour revenir en arrière. Les gens vieux ne sont pas nécessairement les plus âgés.

Je n'ai jamais eu d'écureuil géant dans lequel me terrer pour me protéger des attaques extérieures. Je n'ai même jamais connu quelqu'un qui en possédait un. Avec les années qui passent, je commence à penser, non sans désolation, que peut-être ça n'existe pas.