31 janvier 2009

Bye bye janvier

J'avais dit que je ne me prononçais pas au sujet du Bye-Bye. Les gens qui me connaissent veulent toujours mon avis lorsqu'on parle de télévision puisque j'en suis une grande fan. Le fait que je sois à la fois Tv addict et snob - je ne lis que Marcel Proust - rend mes commentaires d'autant plus intrigants à entendre. Tous ceux qui n'osent pas avouer leur penchant pour la téléréalité sortent du placard en ma compagnie. Josée DiStasio a le même effet sur les amateurs de fast-food lorsqu'elle mange de la poutine en public.

Sans blague, comment ne pas tomber sous de charme de Jon and Kate plus 8 à TLC?

Nico de So you think you can dance Canada est mon fantasme. Je pourrais faire mal à sa blonde.

Vive Star Académie. J'ai tellement hâte de voir si l'humilité de Patrick Huard entrera dans la maison de Ste-Adèle en même temps que lui. Je prédis que non et qu'il ne la reverra jamais. Michel Rivard a déjà remercié la sienne vers 1995, quelque part entre deux chansons pareilles. Elle a été remplacée par de la mélancolie pathétique et un faux émoi, subtil, qui camoufle à peine l'amertume. Où sont allés les dinosaures? Nulle part, Monsieur Rivard; ils sont toujours là. Ils collent. Ils ont la larme à l'oeil dans toutes les émissions de variétés et on s'évertue à reprendre leurs hits en mieux (ou en aussi mauvais) pour leur montrer la sortie. Qui, pour l'amour, s'acharne encore à complimenter Stéphane Venne et à lui mettre de nouveaux projets en tête? Dites-moi qui, il est dangeureux.

Johanne Blouin comme prof de chant promet de l'émotion bien placée. J'ai hâte d'entendre les académiciens faire du scat singing sur Sors-moi donc Albert. J'ai hâte de voir René Angélil se démener pour essayer de se souvenir d'une de ses chansons.

J'ai hâte de connaître les académiciens. J'ai hâte de voir sur internet quels artistes viendront les visiter, et constater le soir qui a été coupé au montage.

J'ai hâte de pleurer au medley de Marie Carmen. Vraiment.

Je voulais parler du Bye-Bye parce que, cette semaine, j'ai assisté à un moment télévisuel complètement déplacé à l'émission Pour le Plaisir et je voulais, en vous le racontant, vous faire part de ma définition du véritable mauvais goût et du manque de jugement en télévision. Mais là, je viens de voir la nouvelle pub de La Semaine avec Jean L'Italien et je me sens malade. Demain, nous serons le 1er février. Je serai définitivement hors sujet.

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30 janvier 2009

Les qualités de ses défauts

Une fête chez les amis d'un ami. Tout droit sorti du monde de l'insignifiance, un gars qui prend tout le monde par le cou, mais qui visiblement ne connaît personne, me prend par le cou. J'ignore comment, mais entre les phrases ''Bonsoir ma belle'' et '' Il a pris son verre comme les autres'', il a réussi à ploguer:

‘’Moi, j'ai l'oreille absolue.''

Bon.

À bien y penser, je le comprends de ne pas attendre le moment opportun pour lancer une telle affirmation. Jamais, dans une discussion entre deux êtres humains, le fil de la conversation ne prendra une tournure qui permettra de renchérir en disant: ''Moi, j'ai l'oreille absolue.'' Le pauvre a peut-être dû attendre des années sans jamais avoir l'opportunité de s'en vanter et, osant une bonne fois en parler sans qu'on le sonne et voyant le bonheur que ça lui procurait, a décidé de remplacer ''Je m'appelle...'' par ''j'ai l'oreille absolue'', au risque de brusquer tout interlocuteur sensé.
Reste qu'il faut être sapré bien armé pour être investi d'un talent pareil. D'abord, comment le prouver? La démonstration du dit talent est une entreprise épuisante aux paramètres hyper complexes, en plus de ne pas intéresser grand monde. 1 personne sur 10 000 est dotée de cette qualité. Ce chiffre n'inclut pas ceux qui l'ignorent, ni ceux qui se le font accroire. Ce qui veut dire que pour prouver la véracité de cette donnée, ça nous prend Kent Nagano, un accordeur de piano, un diapason, et une bonne machine à café. Vite de même, aucun de ces éléments ne semblait à portée de main dans l'appartement où nous nous trouvions.

J'ai quitté l'endroit en me disant que mon pauvre investi était un cas désespéré. S'il s'attendait à ce que je lui commande un la mineur, il se trompait. En fait, je n'ai pas eu le temps puisqu'on entamait en choeur, dans la pièce voisine, le classique ''Igloo, igloo''. Il s'y précipita, tel un super-héros, voulant sauver les harmoniques de la dissonance.

À l'école primaire, j'avais eu l'idée de devenir daltonienne pour rivaliser avec un collègue de classe qui, pris de soubresauts et de tics sonores, se méritait toute l'attention. Un simple effort de mémoire - il suffisait de me rappeler de ne jamais nommer la bonne couleur - et je profitais des avantages des malades, la souffrance en moins. Je n'ai pas mis mon plan à exécution. Un concours que j'ai remporté m'a valu le titre de reine de la classe. Un des prix consistait à placer son pupitre devant la classe, face aux autres élèves et à porter tous les jours une couronne. Mon besoin d'attention était largement comblé, mettons, alors j'ai perdu intérêt à m'embarrasser d'un faux handicap.

C'est en me remémorant cet épisode que j'ai réalisé que j'étais peut-être passée à côté de l'homme de ma vie. Que le gars à l'oreille absolue était peut-être exactement de la même trempe que la mienne, plus courageux encore: victime d'un plan plutôt brillant, mis a exécution au primaire faute d'avoir gagné un concours, il est maintenant prisonnier de son propre mensonge (plus flatteur mais aussi encombrant), n'ayant jamais réussi à se faire un nouveau cercle d'amis et condamné à s'enfoncer davantage année après année. La possibilité que je sois tombée sur un cave demeure la plus plausible, cela dit.

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26 janvier 2009

Canal CD

Je ne sais pas vous mais je (ou Je, en moins rude) syntonise depuis peu le canal Céline Dion. Oui, une chaîne généraliste a décidé de se pendre définitivement au one piece strech de la diva et de laisser rouler ses caméras en récoltant les bénéfices. Au yable la diversité et l'innovation, on rentre une équipe technique en permanence chez Maman Dion, on la filme en train de commenter des albums photos et on la teste sur les noms de ses enfants. Peu importe. Tant que le mot Céline, Feeling ou Titanic apparaît dans le titre.

Hier soir dimanche, nous avons eu droit à la première partie du spectacle de Céline au Centre Bell, assurée par Véronic ''V'' DiCaire dans ses nouvelles fonctions d'humoriste. On nous présentait la performance commentée par... Véronic ''V'' DiCaire elle-même et trois invitées diablement bien choisies: Marina ''Je suis animatrice maintenant mais encore comédienne alors je m'occupe des transitions et je pleurerai sur commande si vous me le demandez'' Orsini, Marie-Chantal Toupin, qui sauve les meubles en ne percevant jamais les malaises, et Marie-Élaine ''Qu'est-ce que je fais là, c'est ben plate, je n'ai pas d'opinion sur les autres artistes et mes jambes ne touchent pas par terre sur ce divan-là'' Thibert. Sous la forme d'une soirée télé entre filles, on visionne la prestation, fort réussie d'ailleurs, de Véronic (bien sûr, elle imite Marie-Chantal, Marina et Marie-Élaine, d'où leur présence).

C'est alors que, dans une savoureuse confusion des genres, un désordre québéco-cheap de la hiérarchie du star système, nous assistons à la crise de larmes de Véronic qui remercie son idole Céline devant des milliers de spectateurs au Centre Bell - simultanément, en mortaise, ''V'', la même! et ses trois amies se retapent la scène sur videocassette dans le faux salon à TVA, champagne à la main. S'il y avait matière à fêter, je vous rappelle que ces événements ont eu lieu au mois d'août dernier.

Soudainement, Ginette Reno fait son entrée dans le salon en demandant à Véronic DiCaire de s'identifier (Quoi? Elle vit où Ginette Reno? Marie-Chantal Toupin, ça ne lui dit rien? Elles sont quatre sur le divan, dont Émilie Bordeleau, come on.) Après toutes ces années, je ne peux pas croire qu'en réunion de production, quelqu'un ose encore soumettre l'idée d'inviter Ginette Reno pour encenser quelqu'un d'autre. La relation de Ginette avec le compliment est à sens unique et non négociable.

En finale, on nous présente un exemple troublant du fanatisme de l'élève pour le maître. Coulisses du Centre Bell. Véronic offre une toile à son idole. Céline, occupée à jouer son personnage de fille ordinaire émue, comprend en retard que Véronic a peint elle-même la toile. Confusion classique autour du chiffre 5, le chiffre chanceux de Céline. Il est dans la nature du fan de vouloir signifier à son idole qu'il connaît son chiffre chanceux et dans la nature de l'idole de ne pas faire le lien tout de suite, puisque le chiffre chanceux est d'abord le porte-bonheur du fan, qui par définition, a moins de chance.

Je suis fière aujourd'hui de ne pas être une fan de Véronic Dicaire. Parce que si c'était le cas, je me sentirais aujourd'hui désolée d'apprendre que mon idole est si vulnérable devant son idole et je me poserais la question à savoir si ses larmes de bonheur sont vraiment dues à mes applaudissements ou sont-elles seulement des larmes de partage de coulisses avec Céline? Qui veut se rendre compte que son thérapeute suit une thérapie? Qui veut voir son prof de danse suivre un cours de danse? N'est-il pas dans le devoir du maître de surveiller ce genre de choses? Véronic, ''V'' pour les intimes, nous sommes tous le maître de quelqu'un d'autre. Bientôt, tu demanderas à un public d'acheter tes billets et de te considérer comme une star. Par égard pour eux, fais attention lorsqu'on t'approche avec un concept de marde, même signé Feeling.

Suis-je en train de dire que les stars en devenir n'ont pas le droit d'afficher une admiration démesurée pour une autre vedette? C'est pas mal ça, oui.

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23 janvier 2009

Job de rêve

Pour beaucoup de gens, la vie se résume à ce qu'on en dit. En d'autres termes, dans un bagarre entre l'ouïe et la vue, la plupart des gens se sentent souvent forcés de croire ce qu'ils entendent. Par exemple, si tu t'apprêtes à faire un discours en public et que tes mains tremblent, tu peux dire : ''Non, je ne suis pas stressé du tout! Mais à cette heure de la journée, je commence vraiment à avoir besoin d'alcool.'' La majorité des gens te croiront et ta réputation ne sera pas entachée.

C'est en prenant conscience de cette domination générale des mots sur les actes que j'ai décidé d'écrire. J'aurais pu choisir un mode oral d'expression - j'ai une très grande gueule aussi - mais je ne vous dis pas le nombre d'avantages qu'il y a à travailler de la maison. Qui ne rêve pas de faire une rotation annuelle de 3 ou 4 kits de vêtements et de n'acheter que des pyjamas? C'est vrai qu'ils peuvent être dispendieux mais jamais autant que du vrai linge. Bon. Je dîne seule, mes billets de métro datent de 2001, je n'ai pas de fastasmes impliquant des collègues de travail mais je peux porter de la lingerie et du maquillage en même temps, comme dans les catalogues (j'ai une photo à l'appui mais je n'arrive pas à l'uploader... Misère.) Ça, c'est la belle vie.

Personne n'a besoin de savoir que pendant que d'autres confient leurs préoccupations, échangent sur l'actualité ou confrontent leurs opinions à l'heure du lunch, je préfère prononcer un plaidoyer fictif sur un sujet sélectionné au hasard en empruntant l'accent britannique.

Un jour, alors que je travaillais dans un bureau (2 ans, tout de même!), j'ai surpris mon patron assis sur le cabinet de toilettes. J'ai raconté plusieurs fois cette anecdote en riant mais je vous jure qu'une partie de moi n'a jamais accepté cette vision. Si une intervention sur la mémoire comme celle dans le film Eternal Sunshine of the Spotless Mind était possible, je raconterais ce souvenir au médecin en le suppliant de me le supprimer. Enfant, j'étais troublée juste à voir mes cousines et leurs parents occuper la salle de bain en même temps. Mes prédispositions déjà flasques pour l'intimité ne me permettent assurément pas de supporter autant de familiarité sans en garder un souvenir cauchemardesque et obscène. Selon mes règles, il est interdit de continuer sa journée de travail après avoir vu les cuisses de son patron. Il faut faire une réunion d'urgence et se dire quelque chose comme:

Patron - ''Tu m'as vu en train de faire caca. Prends le reste de la semaine pour oublier cet incident. Loue des films, fais des expériences et tente de remplacer cette information par de nouvelles. Essaie de développer une nouvelle amitié, par exemple, ou commence à apprendre une nouvelle langue. Si tu n'y arrives pas, avise-moi lundi et ce sera la fin de notre collaboration.''

Moi: '' Entendu. Je vous remercie d'autant de compréhension et je salue votre amour-propre. Si jamais l'expérience est concluante, je vous demanderais à l'avenir d'agir comme si vous étiez dépourvu de système digestif. En échange, je prétendrai être ménoposée.''

Les deux - ''Deal.''

Mais non. Dans la réalité de tous sauf, semble-t-il, la mienne, on retourne s'asseoir face à face et on se remet au travail. Personne ne semble lutter contre les larmes de honte ou contre l'envie de se jeter par terre et de se tortiller en geignant.

Je préfère travailler de la maison.

22 janvier 2009

Guérir à petit feu

L’être humain est en constante convalescence. En ce moment, je me remets de l'assermentation de Barack Obama. C’est vrai. On est toujours en train de se remettre de quelque chose (sinon, on cherche désespérément de quoi s'affliger). Un matin, c’est du party de la veille ; l’autre, c’est d’une mauvaise nouvelle, d’une déclaration d’amour, d’une réplique aberrante, d’une poussée d'acné. Plus couramment, c'est de devoir faire venir une nouvelle carte de guichet du Saguenay, apprendre un nouveau N.I.P sélectionné par une machine, sentir le jugement au bout du fil...
A ça s’ajoutent les convalescences des gens qu’on aime, dont il faut aussi se remettre. Et de ceux qu’ils aiment. Ainsi de suite, jusqu’aux limites de sa propre émotivité. Jusqu’à son seuil personnel d’indifférence. (Il paraît que certaines âmes arrivent à ressentir de la joie ou de la peine pour un quidam qui gravite autour d'eux à six ou sept degrés de connaissance. Get a life . Je n'arrive parfois même pas à susciter ma propre empathie.)

On le sait : j’ai arrêté de boire il y a maintenant 7 mois et 9 jours (encore au stade agressif). Propension à l’extravagance depuis l’enfance (limite mythomane) suivie d’une sournoise déviation, d’un dérapage de ma définition de party et maintenant, d’une convalescence volontaire et nécessaire au tournant de mes 26 ans. Je suis la Lindsay Lohan des pauvres. Désolée, je l'ai dit en premier. Les autres, vous avez le choix entre Kristen Dunst, Scott Weiland, Britney Spears, Amy Whinehouse, Miss Florida 1974 (moins in celle-là), Justin Chambers de Grey's Anatomy (lui combine toxicomanie et trouble du sommeil, pour ceux qui se reconnaissent), ou Drew Barrymore (pour les trentenaires qui ont déjà assez de stock pour une bio.). Ou France Castel.

Le fait que la désintoxication soit à la mode ces temps-ci ne me rend pas peu fière. La dernière fois que j'ai suivi une tendance, elle était vestimentaire et elle s'attachait dans la fourche.

Je me suis vite rendue compte qu’à l’intérieur d’une guérison comme celle de l’alcoolisme s’insérait une quantité infinie de petites convalescences secondaires qui justifieraient un bon verre de vin, sinon la bouteille, pour le commun des non intoxiqués.
Parce qu’une fois le morceau lâché, en l’occurrence : ‘’Je suis alcoolique et j’ai besoin d’aide’’ (l’accent mis sur la deuxième proposition puisque plusieurs se vantent d’être alcooliques comme ils se vantent d’avoir un char de l’année), il faut faire face aux réactions, recevoir les nouveaux comportements, et s’en remettre. Il faut guérir à la fois de ne plus être la fille de party ET de voir les autres s’en ennuyer. Il faut se remettre des courriels maladroits des amis inquiets, réapprivoiser les réunions familiales, supporter l’incohérence du système de santé, qui te demande d'évaluer ton besoin d'aide sur une échelle de 1 à 5. Si je réponds 3, on m'assigne un intervenant qui m'offrira de l'aide à 60% de sa capacité. Le reste du temps, il fredonnera des chansons dans sa tête ou il se pliera un coin-coin.
Il faut accepter les encouragements et les témoignages d’amour des proches, ceux qui étaient là la veille et l’avant-veille et qui trinquaient aussi, à peine moins fort. Et résister à l’envie de ne plus jamais les voir pour leur épargner les embarras que tous les alcooliques, guéris ou pas, trainent avec eux.

Quoi qu’il en soit, malgré la crainte de n’avoir bientôt plus rien d’intéressant à proposer à ceux qui m’ont connue avant, malgré la honte – parce que oui, il est honteux d’avoir un problème de dépendance, honteux de faire partie des gens qui ne peuvent accepter un verre sans en vouloir un deuxième, honteux d’être sobre par obligation et de sourire forcer au milieu d’un 5 à 7 - je vais bien. On dira qu’il est triste, à mon âge, de mettre une croix sur un des grands plaisirs de la vie. Je dirais qu’il y a quelque chose de triste, également, dans le fait de se réveiller aux côtés d'un inconnu, dans les sous-vêtements d'une autre fille, avec du vomi dans ses bas et une nouvelle coupe de cheveux.

De la même façon qu’après avoir perdu l’usage de ses poumons ma grand-mère ait dû apprivoiser la bombonne en inox et son carrosse, j’apprivoise la baise à jeun et le statut de béquille de fin de soirée. Mais heureusement, nulle part dans le grand livre de la convalescence il n’est mentionné que la sobriété entraîne la sagesse et la monotonie. On devient, c'est vrai, un peu plus sensible lorsque Dan Bigras se livre en entrevue, ce qui est gênant mais si peu cher payé pour autant de liberté.
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20 janvier 2009

Communion

Des amis sont venus souper cette semaine, dont une enceinte de six mois. À plusieurs reprises, elle fixait le coin de la table, l'air serein. Je me suis surprise à envier son déficit d'attention. Vous me direz qu'elle avait sûrement des troubles de digestion ou qu'elle songeait à une excuse pour retrouver son lit au plus sacrant, mais je continuerai à croire qu'elle communiait avec son bébé et profitait pleinement des moments d'ultime intimité avec lui. Qui a dit que j'étais incapable de romantisme?

Je ne l'ai pas informée, cependant, du fond de ma pensée. Qu'elle s'apprêtait à mettre au monde un être qui, par immaturité et ignorance, passera les premières années de sa vie à développer et entretenir des vices dont il passera la moitié de sa vie à essayer de se débarrasser, en prenant des résolutions qui le feront souffrir ou en suivant des thérapies somme toute humiliantes, pour ensuite se récompenser à grand coups de biens matériels, de deuxième portion de dessert ou de séances d'épilation au laser. Non, j'ai préféré lui sourire et lui offrir une tisane.

Reste que je l'envie.
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16 janvier 2009

Pas de commentaire sur le Bye Bye

D'ailleurs, ma vision de l'actualité n'intéresse personne, tout comme celle de Guy Nantel. Qu'on se le tienne pour dit.

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15 janvier 2009

Discipline 101

La discipline est innée chez moi. Je coule facilement dans la routine lorsqu’elle rejoint mes intérêts (ici, je ne parle pas d’alcoolisme, bien qu’il soit facile de le pratiquer comme une activité avec rigueur et discipline). Mon corps réagit bien à l'exercice physique et je suis faite pour le sport. Comme j'ai une physionomie facilement dépendante, j'ai besoin de ma dose quotidienne d'endorphine pour fonctionner.
Pour mon entourage, cependant, je remarque qu'une discipline susceptible d’augmenter l’espérance de vie dérange autant sinon plus qu’un mode de vie basé sur la destruction. C’est comme côtoyer un ami croyant-pratiquant. On le soupçonne de trouver dans les bras de Dieu une place beaucoup plus douillette que la nôtre. C’est pourquoi on lui coupe la parole dès qu’il s’apprête à en parler. Tout le monde bénéficie de son air serein. Qu'il aille à l'église, oui. Qu'il nous lise des extraits du Prions, non. Son sourire dominical provoque les mêmes réactions mes séances d’entraînement ou que la facilité que j’ai à refuser un dessert. Certains changent de sujet, d'autres soupirent d'incompréhension. Comme si par un excès de sagesse, j’aspirais à m’élever au-dessus des mortels pour souligner leurs vices, à jeun de cholestérol et de glucides complexes. À ce que je sache, un dessert que je ne mange pas ne se dépose pas automatiquement sur la culotte de cheval d’autrui. Si c’est ce dont on m’accuse en me boudant ou en m’insultant jusqu’à la fin des repas. ‘’Tu peux bien être maigre…’’, ‘’ Aurore…’’, ça revient souvent. C’est chargé. À ceux qui disent qu’il est impoli de refuser un dessert, je réponds : Faux. Vomir à table serait impoli si fait volontairement, mais est-il pour autant opportun de comparer un membre de sa famille à une icône de martyre morte d’épuisement suite à des blessures non soignées ? (En faisant des recherches pour trouver ces derniers mots, je remarque tout de même que la dite Aurore et moi avions la même date de naissance.
Cela dit, Stevie Wonder aussi et non, sceptiques, une erreur médicale ne m’a pas causé la cécité à un mois, même si nous avons le même front. )
Il fait -35 degrés aujourd'hui et je me suis défait les poumons sur la montagne comme à tous les jours de grand froid. Ma voisine m'a traitée de folle en me voyant sortir en souliers de course. Ça nous arrive toujours, à Usain Bolt et à moi.
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12 janvier 2009

Introduction suite et Vague de froid

Le temps des fêtes avait pour moi des allures de campagne électorale. Il me fallait parler beaucoup, sourire. Vendre, en quelque sorte, l'idée que mes récents choix sont bénéfiques pour tout le monde. Me vendre l'idée à moi-même, peut-être. Heureusement, j’aime fredonner des cantiques de Noël ; ça me permet de clore une discussion et de rester dans le ton. Au cinéma, on entend la musique enterrer graduellement la voix des personnages jusqu’à utiliser tout l’environnement sonore. C’est un code qui signifie : etcétéra, etcétéra. Économie de temps. Dans la réalité de mes partys de Noël cette année, ce procédé fonctionnait à merveille.

Le seuil psychologique collectif de la première tempête de neige a été franchi puisque, comme à chaque année, j’ai vu un homme entrer dans un café en haletant exagérément, toussant et reniflant, jetant des regards exaspérés et complices, langue sortie, aux autres clients. Quelques flocons dans son pare-brise et il semble avoir été happé et soufflé dans le café par la charrue à neige. C’est lui qui a sonné le début de l’hiver et libéré sur la ville une odeur de garde-robe de cèdre.

Cette année, ça sent plutôt la crise. Des gens qui errent dans leur manteau de l'an dernier – d’où, sérieusement, l’odeur de cèdre – et des drapeaux du Canadien servis à toutes les sauces. Remède numéro un pour adoucir les symptômes de la crise financière : se perdre dans la religion du hockey, faute de mieux, puisque Martin Matte affiche complet jusqu’en 2012. (Suffit ; ces commentaires non-exportables sur l’actualité québécoise vieilliront affreusement.) Bref, nous sommes dans l'épisode ''Je porte un chandail du Canadien pour aller au bureau et tout le monde l'accepte'' de l'année et enfin, ma drogue à moi est de retour; c'est le lancement de la nouvelle saison télé. Après un permier Noël sobre, les exigences sont élevées.

Chercher, chercher quelqu'un comme toi, avec un p'tit ''je ne sais quoi''...
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11 janvier 2009

Introduction ou Sobre: le 7e mois

On peut dire que je suis radieuse. La joue rose, le muscle découpé, le cheveu sain. Pas un gramme de gras. Pas une journée sans jogging. Je pourrais paralyser quelqu’un avec une réplique.

Je prends les conseils, une nouveauté. Une vendeuse m’a dit qu’avec le gabarit que j’ai –celui d’un adolescent de quinze ans, lis-je dans son regard – je devais oser le style masculin et les robes taille empire. Il est vrai qu’avec des bretelles, on peut être à la fois sexy et étrangler quelqu’un. Avec la taille de robe dont elle parle, on met en valeur une petite poitrine et on dissimule les accessoires volés. Vendu. J’ai acheté toutes ses propositions, même si en d’autres temps, j’aurais fui dès l’utilisation du mot ‘’gabarit’’ en introduction. Certaines sonorités de mots m'insultent lorsque je m’adonne à un exercice qui met à l’épreuve ma féminité.

Semble-t-il que le meilleur moyen de passer inaperçue est de porter du linge ajusté à sa taille, en suivant les tendances et les saisons. Des règles de base. Dissimulation de la personnalité sous les vêtements de la fille d’à côté. C’était le but. Même chose pour les cheveux. La frange, cette année ? Va pour la frange. Se fondre dans le décor et en profiter pour se refaire une santé. Si j’eusse été un blaireau, j'aurais hiberné volontiers cette année.

Tout le monde respire mieux. On me fait des compliments ; certains sonnent comme des remerciements. Il était temps, qu’ils me disent. Que? Que je soigne mon apparence selon les critères du plus grand nombre ? Que je ressemble à quelqu’un qui existe déjà, pour éviter d’exposer trop de nouveauté à des yeux qui doivent déjà s’accommoder aux variations du prix de l’essence? Un jour où je venais de rompre avec un moron, ma mère m’a complimentée sur mon teint ; en vérité, elle me remerciait de la débarrasser du gendre incongru qui minait son propre équilibre familial. Quoi qu’il en soit, si certains me trouvent désormais plus facile d’approche, je n’ai pourtant jamais été aussi bien cachée.

Pour être franche, mon ego fait le pied-de-grue derrière une frange, un agenda et un porte-monnaie. Des outils indispensables pour rassurer les gens que je côtoie au quotidien. Désormais, s’il me vient à l’idée de créer un malaise, comme de dire: ‘’Je me suis masturbée juste avant de me présenter à cette réunion pour éviter que ne soit déversée sur vous une énergie sexuelle que vous ne méritez pas’’, je sors mon agenda, fais semblant d’y prendre une note, contracte mon plancher pelvien et lance la phrase à demi-voix, l’air préoccupé. Ça passe encore serré mais beaucoup moins qu’en soutenant le regard d’un boomer qui avale son deuxième déjeuner. J’utilise mon agenda comme bouclier et je mérite le titre de ‘’jeune professionnelle vicieuse’’ au lieu de ‘’jeune vicieuse’’. Le porte-monnaie agit dans le même sens, laissant croire que si mes cartes, factures et autres preuves de participation sociale sont classées et compartimentées, ainsi le sont mes priorités de vie.

Je n’avais pas l’air d’une extraterrestre avant, qu’on me comprenne bien. Seulement, j’avais gardé le même look depuis l’adolescence, pour honorer mes choix de l’époque et parce que ma personnalité n’avait pas connu d’évolution marquante nécessitant une mise à jour. J’étais une adolescente très mature, intelligente et amusante. Diplomate et sensible. Orgueilleuse, déterminée et généralement heureuse. Je n’ai pas pris une livre en dix ans. Avec le cheveu sec, et alors ? On avait déjà voulu coucher avec moi au secondaire – je n’en demandais pas tant - ce qui me donnait, en plus d’avoir déjà une opinion effrontée sur tous les sujets, une assurance à toute épreuve et une expérience de vulnérabilité à raconter. Je m’attirais à la fois la sympathie des plus dégourdis et l’admiration des plus timides. Je pouvais nager allègrement dans l’océan de mes succès académiques sans craindre le rejet. La matière première de mon style était ma confiance en moi. Ça et les cigarettes que je vendais à l’unité. J’avais bien compris la stratégie ; pas besoin de se ruiner en orthodontie.

Selon le plan de match, les événements devaient se dérouler autrement. Je devais devenir célèbre autour de 22 ans, ce qui insinuait que je tombais rapidement entre les mains de professionnels de la beauté qui se chargeaient de faire de moi un papillon, sous les projecteurs et l’œil avide de mon public, à qui j’aurais donné tout le crédit de ma transformation. Ma part de travail consistait à garder un poids acceptable jusque-là, à ne jamais cesser d’enrichir mon vocabulaire et à pratiquer ces acrobaties syntaxiques jusqu’à ce qu’elles soient parfaitement intégrées et semblent improvisées en entrevue. Je pouvais en échange m’éviter de bûcher sur des aptitudes que je n’ai pas – celle de me coiffer, par exemple – et de devoir négocier avec les cosméticiennes de pharmacie, cette race de femmes insaisissable qui arrive d’un seul regard à t’émietter une estime de soi et à te faire rebrousser chemin en pensant : ’’Cette fille a raison. Je ne mérite pas un bon fond de teint. Je mérite qu’on m’assomme à coups de pelle pour être aussi laide et indésirable et oser sortir de chez moi.’’.

Mais les choses furent autrement. Faute d’avoir trouvé une vraie raison de faire la une des magazines, j’ai 26 ans et je dois m’arranger avec mes troubles dans le plus grand anonymat. Je n’arrive toujours pas à tracer une ligne de crayon correctement – si seulement je savais où la faire. Cependant, je peux jongler à cinq balles, j’ai appris le banjo par moi-même et je maîtrise les harmonies vocales. Je peux aussi avoir un orgasme sur commande. De ça, on ne me parle jamais pourtant.

Je suis sobre depuis 7 mois. De ça, on me parle beaucoup. Moi, je trouve le sujet ennuyant. Comme les 5 à 7 depuis 7 mois.
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