7 septembre 2009

Prologue

De l'autre côté de la rue, deux amoureux marchent sur le trottoir en se bourrant la face de frites entassées dans des sacs de papier brun. Ils s'extasient au passage d'un chien saucisse et passent un lundi férié comme ils les aiment. L'un d'eux a peut-être eu une fringale et a acheté deux sacs de frites, puisqu'ils fonctionnent en couple. Ils ont, me dis-je, l'avantage de savoir dans quelle sorte de graisse ils baisent. C'est comme les poulets de grains. On sait ce qu'on mange quand on sait ce que celui qu'on mange a mangé.

C'est ma petite crisette méchante de célibataire qui se permet un Coke Zéro par mois et qui n'a toujours pas trouvé son style vestimentaire, encore moins sa douce moitié.

Tout ça pour ploguer ''poulets de grains'', pour être franche.

Aujourd'hui, j'ai écrit ce qui servira de prologue à mon premier roman. Je le partage avec vous puisqu'il y a peu de chance que je ne change pas d'idée d'ici à ce qu'il soit publié.

''Ceci est de la littérature. Ce n’est pas une promesse de dépaysement ni une fenêtre sur l’extraordinaire. Vous ne serez pas téléportés dans un lieu fantastique, vous ne sentirez pas la brise dans votre cou, à moins d’être réellement sur la plage ou sur un banc de parc. Les personnages, qui d'ailleurs n'existent pas, verront peut-être leur existence se fracasser ou se révéler ; pas vous, qui existez pourtant. Vous serez chez vous, ou dans un lieu que vous aimez, dans la vie que vous avez choisie, et vous lirez. Si vous aimez votre vie, il y a de bonnes chances que vous aimiez mon livre; vous serez tranquilles. Si vous aimez votre vie et que vous n’aimez pas mon livre, tant pis. Vous passerez vite à autre chose. Tout se peut. Si vous n’aimez pas votre vie – et croyez-moi, je sais de quoi je parle – ne me lisez pas. Occupez-vous d'abord de vous.''

J'en écrirai sûrement plusieurs versions. Je couperai au final puisque j'aurai l'impression de m'excuser. Finalement, je me contenterai de ne rien écrire en prologue, pour laisser parler le roman et essayer d'avoir l'air humble. Air que, pour l'instant, je ne me soucie pas du tout d'avoir.

J'ai aussi préparé plusieurs discours de remerciements qui serviront lorsque je gagnerai des prix. Ceux-là sont beaucoup plus comiques, je vous assure. Mais je dois sérieusement travailler mon air spontané.

Répondez à emmahblogue@live.ca

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