9 octobre 2009

Mon cher réseau social

Il faut s'occuper de son cyber réseau social si l'on décide d'en avoir un. C'est comme s'occuper d'un ami, mais au lieu de l'appeler pour prendre de ses nouvelles avec civisme, c'est l'inverse. On rentre chez lui sans frapper et on lui lance nos états d'âme par la tête sans lui demander s'il est disponible. Pas besoin, sa disponibilité à me recevoir est pour moi implicite depuis qu'il a un jour choisi de cliquer sur ''Follow'' à côté de mon nom. Puisque tout le monde le fait.

J'ai un petit réseau social et je l'aime parce qu'il me laisse croire que je ne me déverse pas dans l'abîme. Mais je suis mal faite. J'ai bien tenté de le gérer froidement, comme de la simple ferraille (je parle à un laptop et à un téléphone, après tout) servant uniquement à me renvoyer une image de moi plus objective que celle que je me crée moi-même, dans le but de comprendre ce qui plaît au public, de m'y conformer et d'un jour faire fortune. Mais malchance, mon coeur s'est enflammé. Oui, j'ai lâchement laissé mes valeurs intrinsèques s'immiscer entre mon portable et moi, si bien qu'à l'heure où je vous parle, j'ai à la fois envie de vous demander de m'aimer et de vous dire que avez sûrement mieux à faire que de perdre votre temps à me lire.

Attention, je n'ai pas le syndrome de l'imposteur. Je ne suis pas Mahée Paiement face au monde de la musique. Je suis plutôt comme Marc Hervieux face la chanson Le blues du businessman ou comme Grégory Charles devant la demande spéciale Tipatshimun de Kashtin. Je sais que je peux le faire.
Si Marc Boilard a une carrière, je peux en avoir une.

Mais malheureusement pour moi, nous nous rendrons compte dans un avenir proche qu'il n'est pas payant d'être courtois dans son réseau social. Que je ne suis peut-être pas ferrée pour ce monde, avec mes envies de bienséance cybernétique. Parce que là davantage que sur la rue, il est facile de jouer du coude puisque sur l'Internet, tout le monde se promène d'un satellite à l'autre sans complexe, sans tache de vin dans le visage, sans surplus de poids, sans air de famille avec quiconque, sans trouble de diction. Sur Twitter, un individu peut même se forger une identité et se récolter tout un public par son aisance à ''ReTweetter'' les trouvailles et les réflexions des autres.

Je ne suis pas pour la vérité à tout prix, au contraire. Je suis même souvent contre la réalité. Je suis pour le mensonge et l'imaginaire, je l'ai déjà dit. Mais le fait de ressasser en public différentes aberrations choisies selon le goût du jour n'est pas un acte créatif, c'est un acte publicitaire dont le but est de se vendre soi-même, via des vidéos funny qu'on a trouvé sur youtube.

Aujourd'hui, mon réseau social m'a montré une fille dont l'implant mammaire explose en plein tournage télé. Je n'ai pas pu regarder jusqu'à la fin mais juste assez pour savoir que je n'ai pas envie à ce point d'avoir des amis sociaux. En revanche, un membre de ce même réseau m'a envoyé un courriel me disant que ma vision du monde le faisait sentir moins seul.

Hum.

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