Avec toute la bonne volonté du monde, c'est-à-dire avec l'idée bien claire d'en parler sur cette tribune pour m'attirer de la sympathie à peu de frais, je suis allée, ce dimanche, faire la récolte des déchets sur le Mont-Royal. J'ai même planté un arbre. J'avais un habit de pluie, des feuilles mortes collées au visage (une, en fait, que je n'ai vue qu'une fois rendue à la maison et qui m'a humiliée) et un sourire aux lèvres; je ''fittais'' dans le décor.
À voir l'enthousiasme avec lequel le commun des mortels s'associe à des causes pour se sentir en symbiose avec la collectivité, j'ai pensé, moi qui aspire à, justement, plus de symbiose pour diluer la charge personnelle, qu'il y avait peut-être là une leçon pour moi. Remarquez, je lutte déjà très fort contre les frisottis - ça, c'est ma cause et Montréal, ville humide, ne me donne pas beaucoup de répit - mais j'ai eu la générosité de faire une place à la montagne, que je foule tout de même à chaque jour, dans mon calendrier des B.A. Ok, me dis-je, j'irai ce matin embrasser des arbres et jouer avec des seringues usées.
Allons-y tôt, cependant, pour ne pas tomber nez-à-nez avec les chevaliers moyenâgeux qui brandissent lances et épées pour des raisons floues, sûrement épiques, à tous les dimanches dès midi. Ceux-là, je ne les trouve pas ridicules, je les trouve hermétiques et terrorisants. Si jamais je croise le vassal, je lui dis que je suis venue ramasser les cochonneries sur son fief à sa place, alors, je l'en supplie, qu'il cesse de tenter d'égorger tout le monde en criant comme un damné. L'amour courtois ce matin, de grâce.
Quelle ne fut pas ma surprise, une fois rendue là-bas, de constater que le spectacle n'en est pas un chevaleresque ou l'on catapulte les plus simples d'esprit dans le lac des Castors, mais bien un spectacle d'oiseaux de proie où l'on fait voler des buses à épaulettes au-dessus des têtes des enfants en pleurs. La ville a décidé, pour remercier et divertir la population, de sortir son attirail exotique. Quelle bonne idée de jouer, pour le plaisir, contre l'équilibre naturel et de demander à un faucon ardoisé, charognard au regard inquisiteur, qui doit penser 100 livres d'instinct de survie et de mauvaise foi, de dessiner avec grâce une demi-lune dans le ciel avant de se poser sur la tête de Pierre-André, volontaire plutôt désigné, mais content de faire vivre ces moments de grande intensité à sa progéniture. C’aurait pu finir à l'urgence, Pierre-André, le proscuitto du pique-nique dans l'abdomen du carnassier.
Je ne saisis pas toujours la démarche que l'humain entreprend pour aboutir au divertissement. Jamais je n'aurais l'idée, par exemple, pour créer l'exaltation d'une foule, de libérer un alligator en public et d'effectuer des prouesses afin que l'animal en oublie ses habitudes et sa nature d'alligator, soit d'engloutir, je ne sais pas, un spectateur.
Je me demande, lorsque la dompteuse d'oiseaux a fini par ranger ses bêtes dimanche dernier, si le public savait que les applaudissements soulignaient le fait qu'on avait tous, ce matin-là sur le Mont-Royal, couru après le trouble et évité la catastrophe.
À voir l'enthousiasme avec lequel le commun des mortels s'associe à des causes pour se sentir en symbiose avec la collectivité, j'ai pensé, moi qui aspire à, justement, plus de symbiose pour diluer la charge personnelle, qu'il y avait peut-être là une leçon pour moi. Remarquez, je lutte déjà très fort contre les frisottis - ça, c'est ma cause et Montréal, ville humide, ne me donne pas beaucoup de répit - mais j'ai eu la générosité de faire une place à la montagne, que je foule tout de même à chaque jour, dans mon calendrier des B.A. Ok, me dis-je, j'irai ce matin embrasser des arbres et jouer avec des seringues usées.
Allons-y tôt, cependant, pour ne pas tomber nez-à-nez avec les chevaliers moyenâgeux qui brandissent lances et épées pour des raisons floues, sûrement épiques, à tous les dimanches dès midi. Ceux-là, je ne les trouve pas ridicules, je les trouve hermétiques et terrorisants. Si jamais je croise le vassal, je lui dis que je suis venue ramasser les cochonneries sur son fief à sa place, alors, je l'en supplie, qu'il cesse de tenter d'égorger tout le monde en criant comme un damné. L'amour courtois ce matin, de grâce.
Quelle ne fut pas ma surprise, une fois rendue là-bas, de constater que le spectacle n'en est pas un chevaleresque ou l'on catapulte les plus simples d'esprit dans le lac des Castors, mais bien un spectacle d'oiseaux de proie où l'on fait voler des buses à épaulettes au-dessus des têtes des enfants en pleurs. La ville a décidé, pour remercier et divertir la population, de sortir son attirail exotique. Quelle bonne idée de jouer, pour le plaisir, contre l'équilibre naturel et de demander à un faucon ardoisé, charognard au regard inquisiteur, qui doit penser 100 livres d'instinct de survie et de mauvaise foi, de dessiner avec grâce une demi-lune dans le ciel avant de se poser sur la tête de Pierre-André, volontaire plutôt désigné, mais content de faire vivre ces moments de grande intensité à sa progéniture. C’aurait pu finir à l'urgence, Pierre-André, le proscuitto du pique-nique dans l'abdomen du carnassier.
Je ne saisis pas toujours la démarche que l'humain entreprend pour aboutir au divertissement. Jamais je n'aurais l'idée, par exemple, pour créer l'exaltation d'une foule, de libérer un alligator en public et d'effectuer des prouesses afin que l'animal en oublie ses habitudes et sa nature d'alligator, soit d'engloutir, je ne sais pas, un spectateur.
Je me demande, lorsque la dompteuse d'oiseaux a fini par ranger ses bêtes dimanche dernier, si le public savait que les applaudissements soulignaient le fait qu'on avait tous, ce matin-là sur le Mont-Royal, couru après le trouble et évité la catastrophe.
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