1 janvier 2010

01/01/10

Il faut être effrontée pour déserter ainsi un espace qui appartient aux autres. À des lecteurs, surtout. Et à certains, qu'on devrait appeler les curieux, la famille sûrement, qui me lit peut-être pour vérifier si les informations qu'elle reçoit de vive voix sont équivalentes à celles que j'exprime par écrit. C'est vrai: qui a-t-il de plus grisant que de déceler la censure chez un parent? Les amis ensuite, proches et moins proches, qui me lisent pour être fiers de moi et qui se retrouvent peut-être déçus, ne me reconnaissant jamais ou me préférant toujours en vrai.
Me revoilà malgré tout, effrontée. Bien mise et en pleine forme. J'ai changé de lieu. J'écris maintenant devant la plus grande fenêtre de l'appartement plutôt que le visage plaqué au mur, et j'espère ne pas être tentée de vous décrire les écureuils scorbutiques que j'aperçois d'ici.

De mon bureau, j'aperçois aussi mon lit. Je vous en parlerai peut-être, de lui.

Et par la fenêtre, j'entrevois la nouvelle année qui vient de s'installer (oui, je suis écrivaine; les écrivains se permettent de faire ce genre de transitions faibles pour glisser d'un sujet à l'autre).

Cette année-ci en sera une d'écriture pour moi. Tout comme la précédente et comme les cinquante prochaines. Pour l'instant, sur l'oreiller qui voisine le mien, c'est encore et toujours un ordinateur portable qui veille, partenaire plutôt silencieux qui accueille mes réflexions presque en temps réel, sans argumenter, et les communique ensuite à des inconnus, à ma demande. Avec lui à mes côtés, lui seul et les milliers d'âmes sans visage qu'il contient, j'arrive à dormir. Pour l'instant, donc, autant dire que je n'arrive à dormir qu'avec moi-même.

Je savais que je parlerais de mon lit. C'est que ça me dérange, cette idée d'être condamnée à dormir seule. Comme si partager ma nuit avec quelqu'un séparait mon sommeil en deux ou que la présence de quelqu'un volait une moitié de l'attention que la nuit m'accorde normalement. Moi qui ai besoin de toute l'attention une fois debout, j'aurais cru être capable de moins de caprice la nuit. Il semble que non.

J'ai pensé faire de cette contrariété un problème à résoudre au cours de l'année qui vient. Par contre, je ne sais toujours pas si j'ai l'ambition d'un jour m'habituer aux autres. J'ai entendu dire que les autres nous quittent, un jour ou l'autre. Que c'est leur apanage. Je me verrais alors prise avec une belle entaille au cœur.

J'ai plutôt pris la résolution de cesser de regarder Deux filles le matin. C'est drôlement plus réaliste et je cesserai d'emmagasiner jour après jour des informations sur l'ésotérisme et sur la façon de réussir mon divorce.

Bonne année.

1 commentaire:

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