15 février 2010

"All in"

Chacun de nous a l'espace d'une seule vie à remplir et certains, souvent ceux qui ne pensent jamais à ces thèmes-là, préfèrent ne pas s'impliquer, regarder les autres, se protéger contre des attaques qui ne viendront jamais. On ne naît pas tous avec le même appétit, la même foi et la même peur de mourir.

J'ai compris il y a quelques années que je ne serai jamais une athlète. J'étais occupée à autre chose et j'ai compris trop tard que j'en aurais eu la trempe (ou peut-être ne l'avais-je pas au moment où il aurait fallu). Je courrai sûrement quelques marathons dans ma vie et j'arriverai peut-être à exécuter un back-flip très peu gracieux avant l'âge de 30 ans mais l'athlète qui sommeille en moi, ou plutôt l'enfant en moi qui se nourrissait du désir de performer, de gagner sur les autres et sur certaines lois physiques par l'union suprême du corps et de l'esprit, ne sera pas applaudi sur toutes les scènes et ne brandira pas médailles et trophées sous les flashs et les acclamations.

Qu'à cela ne tienne, je n'ai pas dit mon dernier mot. Mon rendez-vous avec la gloire n'est peut-être totalement manqué (je rêve toujours secrètement de devenir une joueuse de billard aguerrie et gagner contre Allison Fisher à Vegas), mais ce n'est pas ce dont il est question ici.

Mon élan d'aujourd'hui est un hommage aux athlètes (actualité, quand tu nous tiens), à tous ceux qui ont la trempe que je n'ai pas et qui sont encore assez jeunes dans le coeur pour se donner le droit de croire que la seule chose qui compte vraiment pour les 2, 10, 30 prochaines secondes, minutes ou heures, c'est de réussir. Ceux qui ont l'audace de faire le sacrifice ultime de tout miser sur eux-mêmes, malgré les propositions alléchantes et reposantes de la vie ordinaire, et de meubler leur existence en exploitant la machine humaine à pleine capacité, pour tester ses limites et ainsi, je ne sais pas, risquer l'excellence.

C'est un hommage aussi aux femmes qui se démènent dans cet espace où elles partent déjà perdantes, puisqu'à l'échelle planétaire, aussi injuste soit-elle, le numéro 1 de Serena Williams ne vaudra jamais celui de Roger Federer. Pourtant, la mise de départ est la même, la menace de l'échec, la même et la douleur, la "f***ing même. Un hommage aussi à Sabrina Harbec, le numéro 96 de l'équipe de Montréal de la Série Montréal-Québec, qui retranchée de justesse de l'équipe canadienne olympique de hockey féminin à Vancouver, relève ses manches en professionnelle et, avec la détermination d'une guerrière au milieu de tous ces joueurs masculins, doit travailler avec l'étiquette "La meilleure des filles" taguée en sous-texte par le "A" de son chandail. Je peux voir dans son oeil qu'elle a compris quelque chose de plus que moi. Une chance que l'écriture ne me place jamais dans cette position systématiquement inférieure; je ne tiendrais pas le coup.

Elle oui, et fait davantage encore. Je la soupçonne d'être inébranlable.

J'ai choisi le bon métier, donc. Par contre, si je suis déterminée à remplir ma vie avec l'écriture, je le ferai certainement en guerrière, comme une enfant qui joue, sous l'influence des athlètes que j'admire, avec le même désir de gagner et la certitude, à chaque instant, que le jeu en vaut la chandelle. Il la vaut, n'est-ce pas?

3 commentaires:

  1. Je suis complètement d'accord avec toi sur tous les points. C'est vrai que les femmes sont trop souvent sous-estimées et ont passent souvent inaperçues dans les domaines où les hommes sont considérés comme "meilleurs".

    Sabrina Harbec est un model pour toutes les femmes a cause de sa persévérance, de sa détermination et de son talent. Elle fait ce qu'elle a à faire et elle le fait toujours de son mieux, c'est ce qui fait d'elle une bonne athlète. Comme plusieurs disent: "Elle n'est pas seulement bonne pour une fille, elle est bonne point final."

    Bravo Sab, lâche pas et je suis sur que tu feras les jeux olympiques un jour! On est tous derrière toi.

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  2. Moi aussi, je crois qu'elle a tout ce qu'il faut pour les Jeux Olympiques, la Harbec...

    Et c'est vrai que les écrivains peut être comparés aux sportifs, même si le corps n'est pas sollicité de la même façon!

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  3. Avec la passion et le travail, on peut arriver à tout.

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