Sur la résistance, j'ai fait du chemin. Un peu. J'imagine que ma grand-mère pourrait encore m'en apprendre à ce sujet: l'attente, l'envie, la retenue, le temps qu'on laisse passer sans le remplir. Le message texte qui brûle les doigts (pour grand-maman, parlons plutôt de l'appel téléphonique ou de la carte de souhaits) mais qu'on réussit à ne pas envoyer, jusqu'à la prochaine crise. L'alcool, le chocolat ou la friture pour certains, tentations à portée de main qui finissent par donner un sens à une journée qui n'en aurait pas eu autrement. Leur résister, lorsqu'on y arrive, permet de se retrouver seul avec le vide et d'évaluer les moyens qu'on a - ou qu'on n'a pas - pour le supporter.
À mon âge, le corps demande et j'ai appris que c'est à l'esprit de refuser, de résister. À l'âge de ma grand-mère, c'est l'inverse; le corps n'arrive plus à répondre aux ambitions de l'esprit. Vaut mieux développer tôt une connivence avec la résistance donc, puisqu'elle se présentera sous plusieurs visages dans l'avenir et nous finirons presque tous en tête-à-tête avec elle.
Je sais pour être devenue ambassadrice de la privation (ne vous en faites pas, entourage; c'est une phase exploratoire dont j'émergerai sous peu, peut-être après avoir testé la restriction calorique chinoise et après avoir eu peur de perdre mes cheveux), que certains corps - tout comme certains enfants - demanderont tant qu'ils recevront. Le signal de satiété, alimentaire ou plus générale, varie d'une personne à l'autre, souvent en fonction de la grosseur de l'égo - il faut s'imaginer une compétition den mangeurs de hot-dogs pour comprendre la dernière affirmation - ce qui fait que l'humain est porté à s'accorder le maximum de permissions ou du moins, pour le judéo-chrétien, autant qu'il croit en mériter. Privé de substances précises - de sa voiture, de son chien, de son bagel-fromage à la crème, parfois de son succès - il devient tout petit et commence à s'excuser à tout instant de n'avoir pas su résister à l'envie de ne pas être à la hauteur. Hauteur que souvent lui seul avait pré-évaluée pour lui-même. Pas d'exercice physique cette semaine? "Je ne pouvais pas, mon chum était parti, j'aime pas ça y aller toute seule, j'ai reçu à souper, fallait que je fasse le ménage, faisait pas assez beau." J'ai toujours eu du mal à comprendre les excuses de ceux qui se sont simplement punis eux-mêmes.
Et voilà du nouveau sur les rayons: le livre de Biz, membre du groupe Loco Locass, qui raconte sa dépression post-parentale. Quel lien, me direz-vous? Certaines résistances sont plus prévisibles que d'autres. Pourtant, à aucun moment dans les entrevues accordées, il ne semble être question d'un petit gars égocentrique corrompu par le succès qui s'est fait voler le show par son propre fils. Pourtant, c'est ce qui s'est passé, non? 3 ans en boule dans son lit à brailler l'attention de sa blonde (ou le sein de sa mère, si on pousse l'analyse) et sa place dans le monde, volée par un être qu'il a créé lui-même et qui lui survivra. Le choc du temps qui passe, mon Biz. Boring. Si prévisible.
À mon âge, le corps demande et j'ai appris que c'est à l'esprit de refuser, de résister. À l'âge de ma grand-mère, c'est l'inverse; le corps n'arrive plus à répondre aux ambitions de l'esprit. Vaut mieux développer tôt une connivence avec la résistance donc, puisqu'elle se présentera sous plusieurs visages dans l'avenir et nous finirons presque tous en tête-à-tête avec elle.
Je sais pour être devenue ambassadrice de la privation (ne vous en faites pas, entourage; c'est une phase exploratoire dont j'émergerai sous peu, peut-être après avoir testé la restriction calorique chinoise et après avoir eu peur de perdre mes cheveux), que certains corps - tout comme certains enfants - demanderont tant qu'ils recevront. Le signal de satiété, alimentaire ou plus générale, varie d'une personne à l'autre, souvent en fonction de la grosseur de l'égo - il faut s'imaginer une compétition den mangeurs de hot-dogs pour comprendre la dernière affirmation - ce qui fait que l'humain est porté à s'accorder le maximum de permissions ou du moins, pour le judéo-chrétien, autant qu'il croit en mériter. Privé de substances précises - de sa voiture, de son chien, de son bagel-fromage à la crème, parfois de son succès - il devient tout petit et commence à s'excuser à tout instant de n'avoir pas su résister à l'envie de ne pas être à la hauteur. Hauteur que souvent lui seul avait pré-évaluée pour lui-même. Pas d'exercice physique cette semaine? "Je ne pouvais pas, mon chum était parti, j'aime pas ça y aller toute seule, j'ai reçu à souper, fallait que je fasse le ménage, faisait pas assez beau." J'ai toujours eu du mal à comprendre les excuses de ceux qui se sont simplement punis eux-mêmes.
Et voilà du nouveau sur les rayons: le livre de Biz, membre du groupe Loco Locass, qui raconte sa dépression post-parentale. Quel lien, me direz-vous? Certaines résistances sont plus prévisibles que d'autres. Pourtant, à aucun moment dans les entrevues accordées, il ne semble être question d'un petit gars égocentrique corrompu par le succès qui s'est fait voler le show par son propre fils. Pourtant, c'est ce qui s'est passé, non? 3 ans en boule dans son lit à brailler l'attention de sa blonde (ou le sein de sa mère, si on pousse l'analyse) et sa place dans le monde, volée par un être qu'il a créé lui-même et qui lui survivra. Le choc du temps qui passe, mon Biz. Boring. Si prévisible.
Je pourrais écrire tout de suite le livre de ma dépression post-parentale. Une résistance du corps que je prévois depuis l'époque des poupées. J'y pense à chaque fois que je ressens de la fierté pour mes abdominaux. Ce sera magistral et hautement dramatique. Mes enfants n'auront pas idée.
La plupart des gens, même ceux que l'on considère lucides et préparés, voient malheureusement rarement plus loin qu'un pas devant eux. Ça m'arrive aussi, tellement.
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