1 février 2009

Ambitions profondes

Les femmes m'exaspèrent. Toutes. Ma meilleure amie, ma mère, moi, Michelle Obama, Élyse Marquis dans les annonces de Swiffer, toutes. Parce que je les estime, qu'elles m'exaspèrent, comprenez-moi.

En fait, pas toutes. Mais nommer les exceptions serait un suicide social. Mon plan de match dans la vie deviendrait soudainement tellement, tellement prévisible.

Ma grand-mère est la seule exception que je puisse dévoiler. Tant mieux si on me compare à elle et si on m'accuse de plagiat de vie. Ma grand-mère a eu 10 enfants, elle pèse 100 livres, rêvait d'être chanteuse dans une chorale et connaît la discographie de Mario Pelchat par coeur. 10 enfants? Ça me surprendrait.
Encore hier nuit, j'ai rêvé que je la regardais, sans grand étonnement, descendre une pente à vélo de montagne à 85 ans. C'est dire l'admiration que j'ai pour elle; en situation onirique, je lui prête les vertus de Chantal Petitclerc et je joue la désintéressée.

Les femmes m'enragent par la manie qu'elles ont de se tenir droites et fières, brillantes, à condition que ça ne compte pas pour elles. La manie d'exister entièrement au quotidien, envers et contre rien, pour les autres, et de se dégonfler lorsqu'il s'agit de faire éclore leur vrai potentiel. Les femmes sont des agaces de l'ambition professionnelle.

Tout ça parce qu'elles ont des qualités de femme. La porteuse de gentillesse née est tentée de donner à autrui ce qu'elle possède à peine. La porteuse du sens inné des responsabilités est tentée d'éliminer au maximum le potentiel de risque de chaque décision. La porteuse née porte les bébés et s'habille en dernier. La porteuse de beaucoup d'affection... se transforme souvent en cochonne pour s'excuser d'être amoureuse mais ça, c'est un autre dossier.

Pour se réaliser - j'entends par là se crisser des autres et avancer en jouant du coude pour se rendre coûte que coûte au sommet de ses rêves, avec du contrôle, des bonus, du bon sexe et des fous rires à chaque jour - il faut faire une croix sur ses qualitées innées de femme, du moins pour un temps.

Doit-on les remplacer par des qualités d'homme? Non. Personne ne remet en doute le pouvoir de Fabienne Larouche mais personne ne veut lui ressembler.

Il faut se servir de ses défauts de femme et de ses avantages intrinsèques. Par exemple, seules les femmes et les gais ont le privilège d'être une (un?) muse. C'est un avantage qui requiert de la vantardise, un défaut. De l'exubérance, un défaut. Une attitude surhumaine. Attention: Denise Bombardier n'est la muse de personne. Je pensais plutôt à Naomi Campbell ou Scarlett Johansson. Ou Joël Legendre, dans un autre range. Devenir une muse; parle-moi d'un beau défi.

Je sais pour l'avoir vécu - mon patron m'a dit récemment qu'il me voyait bien comme relationniste de presse - que les autres ont souvent tendance à nous sous-estimer. C'est normal puisque personne à part nous n'arpente quotidiennement nos profondeurs, lieux d'émergence des désirs, des passions ET des ambitions, jusqu'à pouvoir sentir exactement la seconde de l'ovulation, de quel côté ça se passe ce mois-ci et quelle sera la force du syndrome. Tant que quelqu'un ne viendra pas jouer là-dedans assez souvent - je recommence - tant que quelqu'un ne nous connaîtra pas assez pour en dire autant sur nos profondeurs, ne laissons personne nous attribuer des ambitions qui nous placeront dans leur ombre et qui nous donneront envie de pleurer.

À vrai dire, Michelle Obama ne m'exaspère pas. Sachez que je préfèrerai toujours le name dropping à la vérité.

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