12 février 2009

Quand l'ambition frappe

Je me suis couchée un soir avec la certitude que ce qui m’attendait n’était rien d’autre qu’une belle vie, et je la prévoyais longue pour la première fois. Dans le vice et l’excès peut-être, dans l’erreur aussi, dans les explications et les comptes-rendus mais longue et par cela je voulais dire que j’allais aimer ma vie. Qu’elle serait longue parce que remplie de temps spécifiques qui ne se ressembleraient pas qui allaient tous me plaire. J'ai compris plus tard que je venais ce soir-là d’être foudroyée par l’ambition. Je devais avoir quoi, deux ans?

Dès ce moment-là, je n'ai été intéressée que par le talent, le plus grand que nature, les aptitudes innées et hors du commun. Si l'on exclue les magiciens, la majorité des conteurs et tous ceux qui imitent des instruments de musique avec leur bouche, j'adore les artistes. Si vous aviez à vous choisir une fan, je vous conseillerais moi, avec toute l'objectivité dont je suis capable (surtout, ne choisissez pas une fan de Sylvain Cossette; croyez-moi, elles sont complètement désaxées).

L'ambition n'est pas la bienvenue partout, par contre. De l'extérieur, elle est perçue comme une manifestation égocentrique alors que de l'intérieur, elle est ressentie comme une carence. Le patient gravement atteint d'ambition est aux prises avec des symptômes comme le trac, l'insomnie, des sensations de vertige, de solitude extrême et des crises de fous rires inopinées lorsqu'il se projette dans l'avenir. Il oscille souvent entre le rêve et la réalité, ce qui le contraint à se réajuster sans cesse, surtout en présence de réalistes purs ou de faux pessimistes (un faux pessimiste est quelqu'un qui s'acharne à désamorcer toutes les bonnes idées autour de lui pour faire état de sa raison inébranlable mais qui, une fois saoul ou fatigué, laisse transparaître des connaissances en astrologie ou un goût particulier pour l'absurde).

Ce qu'on demande à ‘’l'ambitieux pour lui-même’’ (une maladie différente de celle de René Angélil, un ‘’ambitieux pour l'autre’’), en général, c'est le silence. On l'en supplie. On l'épie pour ne pas qu'il bouge. Et lorsqu'il s'agit de se jeter à l'eau en premier, on se prend à douze pour l'y lancer. Et pendant qu'il patauge et qu'il défend le groupe, le groupe en question prend des notes, des notes qui serviront plus tard à lui exposer clairement, à l'ambitieux, les raisons pour lesquelles il devrait, la prochaine fois, garder le silence.

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