7 février 2009

Fatal Attraction

Je me demande si Marie Laberge écrit les lettres de Martha le samedi. Elle doit être au chalet. Ce matin, elle a peut-être décapé un meuble en écoutant Espace Musique. Présentement, elle porte peut-être des vêtements soyeux et regarde par la fenêtre en marmonnant. Je la salue. D'ailleurs, Marie se classe plutôt bien dans mon palmarès des artistes susceptibles de parler tout seul. Au neuvième rang pour être exacte, entre Armand Vaillancourt et Louise Latraverse.

Moi, je ne suis pas allée voir Polytechnique aujourd'hui. Je n'aime pas le cinéma. Voilà, c'est dit. Le cinéma m'agresse à tous les niveaux.

D'abord, le cinéma, le lieu. J'ai de la difficulté à y accepter la convention qui veuille qu'on s'y habille chic (certains semblent confondre aller au cinéma avec faire du cinéma. Le recours à une styliste est approprié dans le deuxième cas seulement.) et qu'on y adopte à la fois un comportement de salon. Sous prétexte qu'on quitte la maison pour voir un film en gros, en compagnie d'inconnus, on sort son linge de messe. Jusque-là et dans le hall, ça va. Mais dès que les lumières se tamisent, tout le monde semble propulsé chacun chez soi. Certains s'endorment et ronflent. Certains enlèvent leurs souliers. D'autres - des psychologues, des ingénieurs, des avocates - se mettent à s'engouffrer littéralement, quitte à sortir vomir à mi-film.

À la fin de la projection, c'est le chaos. Comme au lendemain d'un one night stand. Tous hirsutes, des traces de bave ou de larmes séchées sur le visage. Certaines rattachent leur brassière. D'autres se replacent le bas collant. Et oui, mes amis! souvenez-vous! vous êtes au CINÉMA. Votre ceinture pend et vous êtes en public. Nous sommes entrés ici tous ensemble il y a à peine deux heures. Pourquoi semblez-vous sortir d'un coma traumatique d'un an?

À cause du cinéma, le médium. Voilà. L'art par excellence de la manipulation des émotions par la sur stimulation des sens. Des images et de la musique avec un budget de 20 millions, c'est une arme trop puissante pour moi. Lorsqu'on me demande quel est mon film préféré, je réponds : aucun. Je les hais tous, surtout ceux que j'ai aimés. Premièrement, parce qu'ils sont du genre à avoir un ''punch'', donc à ne pas survivre à une deuxième écoute. Je suis une fille de deuxième fois. Ensuite, ils sont à peine plus longs qu'un épisode et demi d'Ugly Betty et nous avons 50% des chances qu'il change nos vies. 50% des chances qu'une histoire qui implique des gens qui n'existent pas se termine par un suicide, un meurtre, une scène de Pascale Bussières et Jean-Nicolas Verreault qui se débattent, nus, dans l'eau du fleuve, ou par une ouverture vague qui nous laissera cois, seuls au-dessus du néant de notre propre existence. Non merci. Je ne suis pas assez solide. Je vais miser sur moins gros, si vous me permettez.

Que j'ai hâte de recevoir ma prochaine lettre de Martha.

Commentaires à emmahblogue@live.ca

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Commettez-vous ici