18 février 2009

Bonheur contagieux

Je ne suis pas de nature jalouse. Je suis plutôt indifférente devant ce que les autres possèdent, puisqu'à l'ordinaire, ce que je convoite est bien différent. J'envie les gens qui savent faire un back flip et qui ne ressentent pas le besoin de s'en vanter. J'envie ceux qui ont reçu une fortune en héritage d'une vague connaissance. J'envie ceux qui ont fait partie de l'entourage de Marcel Proust. Rien de bien commun ou accessible. Par contre, je crois qu'un être comblé, pour les raisons de son choix, ne me nuit en rien s'il gravite autour de moi. Au contraire, j'imagine que son rayonnement m'éclabousse un peu et me donne meilleure mine. Ça prend tout son sens lorsque cette scène est photographiée.

Que j'aimerais être dans l'entourage de Kate Winslet par les temps qui courent. Elle doit sautiller souvent et offrir des cadeaux, cuisiner des pâtisseries.

Le bonheur des autres ne me nuit en rien, donc. Il ne sert à rien d'envier le bonheur de quelqu'un. D'où sort cette idée? Envier le bonheur de quelqu'un sans pousser l'exercice jusqu'à rêver de devenir cette personne (on ne prendrait pas un tel risque), c'est espérer ressentir le même degré de satisfaction qu'elle en regardant sa propre vie, ses propres choix et ses propres réalisations. Envier le bonheur de l'autre, c'est donc douter de ses propres choix et de ses propres réalisations. Ça n'a rien à voir avec l'autre. C'est un signe qu'il est temps de bouger. Il est juste plus supportable de s'avouer envieux de l'autre que de s'avouer médiocre en ne se comparant à personne.

S'il est extrêmement courant de croiser des gens qui se regroupent pour étaler leurs plaintes et leurs bobos, il est en revanche beaucoup plus rare d'être aveuglé par le scintillement d'un groupe de gens comblés. Bien sûr, ceux qui sont postés devant une caméra ne comptent pas. Ils en mettent tous un peu, surtout en groupe. Je ne leur en veux pas, cela dit; ils m'amusent.

Les gens heureux sont invisibles. À ne pas confondre avec les gens confiants, qui eux s'exposent.

C'est sûrement par cette confusion que, dans le passé, une horde de gens s'est agrippée à moi sans raison valable. Prenant mon assurance pour du bien-être. Ils ont utilisé les instants qu’il leur fallait pour se refaire une santé auprès de moi. Ils ont ensuite fait bénéficier les autres des arguments que je leur avais d’abord proposés pour moi, et j’ai dû à chaque fois ré apprivoiser la solitude que j’avais délaissée en pensant qu’elle ne me servirait plus. À ceux-là non plus, je n’en veux pas, mais j’ignore s’ils ne m’auront pas rendue plus rigide et plus inquiète au bout du compte, et s’ils ne seront pas responsables un jour de mon indisponibilité envers le monde.

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