16 février 2009

Invincible spécimen

Je l'ai vue, celle dont tout le monde parle. Je l'ai croisée dimanche à l'épicerie. Tout ce temps-là, je croyais qu'on la caricaturait par souci de divertissement ou par enflure verbale. J'en avais aperçu des apparentes mais jamais le spécimen original. J'ai eu franchement peur.

Non, je ne parle pas de Denise Filiatrault. Désolée, je m'apprête à faire du potinage au sujet d'une fille inconnue de vous et moi.

Elle a mon âge, 30 ans au plus. Son apparence est soignée. Elle s'habille comme Clodine. Elle et son amoureux utilisent la caisse libre-service.

''Coudonc, t'es ben lent aujourd'hui!'', dit-elle en le regardant passer les articles sous le lecteur, en ce dimanche après-midi ensoleillé.

Il possède des muscles qui pourraient facilement remplacer les mâchoires de vie en cas d'urgence et ne semble pas prévoir les utiliser sur elle. Il garde le silence et accélère docilement. En observant bien, je crois qu'il porte ses vêtements du dimanche. Il s'est fait pousser dedans en sortant du lit, vers 6h am, pour être beau à l'épicerie à 14h.

Je ne vous répèterai pas ce qu'elle a dit en interceptant un contenant de crème glacée au dessus du scanner; j'aurais l'impression d'écrire un sketch d'ouverture de Pour le plaisir. Ici, la réalité est trop ''cliché'' pour être retransmise telle quelle.

En finale, elle m'a offert la totale. Il a sorti sa carte de guichet, l'a glissée dans la fente et s'est rangé sur le côté, dans un geste gracieux inspiré de la valse de l'homme soumis, pour laisser Madame entrer le code. J'ai restitué un peu dans ma bouche. Il a ramassé les sacs avec ses 200 livres de muscles. Elle est passée devant, la tête haute. Lui est peut-être allé pousser de la fonte avec Jonathan Painchaud au fond du gym en début de soirée, mais avant ça, il a sûrement effectué d'autres tâches humiliantes en ravalant. Et ce matin, quand il s'est rendu au travail, il a cherché un peu son essence en appuyant sur l'accélérateur (oh!) et a rêvé de tromper sa blonde 18 fois avant l'heure du lunch.

Je ne l'avais pas croisée encore, celle-là. Elle ne fait pas partie de mon cercle d'amis, vous comprendrez. En fait, je l'y inviterais pour la détester ou pour l'humilier en public et je développerais sûrement un cancer à son contact. Ce n'est pas la peine. Ces filles-là gagnent sur des filles comme moi. Elles ont le plancher pelvien bien chargé, prêt à déchirer leur proie.
Je ne veux pas de son amoureux non plus, remarquez.

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