28 février 2009

La crème de l'élite

On dit que les écrivains sont des êtres enragés. Qu'ils sont forcés d'écrire pour s'éviter un cancer causé par l'accumulation de frustrations. C'est bien qu'on le dise - même si ''on'' n'est pas défini - et que je le répète ici. Ça donne un caractère thérapeutique à mes sorties gratuites et, par le fait même, implante à certains textes de ce blog les vertus de l'aloès.

(Puisque j'aime bien cette dernière comparaison, permettez-moi d'insister. Certains refusent l'Aspirine, dédaignent le sirop contre la toux, ont peur du peroxyde ou doutent de l'efficacité du millepertuis. Une amie à moi remet en question l'utilité du diachylon. Mais pour des raisons vaporeuses, personne ne se méfie de l'aloès et toutes les occasions sont bonnes pour y plonger membres et blessures. Quelqu'un a-t-il vraiment déjà testé ses propriétés? Un blessé qui se soigne à l'aloès devient ému, suscite presque l'envie. Je soupçonne la composition du mot d'y être pour quelque chose - la combinaison des voyelles ''o'' et'' e'' est reconnue pour insuffler aux mots un caractère réconfortant: chœur, œuvre, poème, sœur, Noël (exceptions: boeing et poêlon). Aussi, la couleur de la plante en question, et celle de son jus, inspire drôlement plus la guérison que celle du mercurochrome. Tout cette réputation, sans jamais avoir prouvé son talent. Comme Michèle Richard. Chapeau.)

C'est à la restauration que j'en veux aujourd'hui. Une vieille chicane, je dois dire, mais contrairement à ma rivale, j'ai à coeur de m'éviter tout cancer alors je me dois de l'évacuer. Je serai brève cependant, parce que c'est samedi et que certains d'entre vous revenez d'un brunch au restaurant, où vous avez été reçus à grandes louchées de sauce bénédictine, coincés dans le menu entre un galon de crème 35% et une livre de graisse à patates. Cette semaine était la dernière fois où je payais 20$ pour me gaver d'un potage succulent, dans lequel on avait camouflé 8 onces de lard salé passé au robot pour maximiser les arômes - évidemment! - sous prétexte que l'établissement dans lequel je me trouvais en était un de restauration.

Je suis végétarienne, oui, mais je ne suis pas frigide. Je sais répondre aux bonnes choses, les reconnaître au goût. Mais quel intérêt y a-t-il de tremper vos clients à tout prix dans la crème ou le beurre fondu, ou de pimenter tout plat un peu fade avec du bleu, au nom de la gastronomie? Ça m'échappe. Un dîner de 3000 calories, chez McDo ou à L'Express, c'est cheap, c'est trop et ça fait les mêmes dommages. Que le chef ait un diplôme ou juste un filet.
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