Je crois qu'il est sain de tricher avec soi-même; ça prouve que l'on s'est d'abord donné des consignes, que l'on est un être moral ou du moins, que l'on a travaillé sur un schéma comportemental idéal et qu'on aspire à le respecter. Ça prouve aussi qu'on a, pas trop loin, des restes d'envies de la petite école et assez d'ouverture pour ne pas se croire sur parole lorsqu'on dresse la liste de ce qui est bon pour soi.
Je me demande quel est le pourcentage de gens qui arrivent, par exemple en s'entraînant, à faire une série de 15 au lieu d'une série de 20, à se convaincre qu'ils ont fait une série de 20 et ne jamais, pas une seconde, revenir là-dessus et s'avouer leur paresse. Moi, bien sûr. Qui d'autre? Juste par besoin de tricher, pour contourner à tout prix la règle, même fixée par soi.
Parfois, en joggant, plutôt que de diminuer délibérément la distance les jours de grand froid, je prends un raccourci et me fais croire que non.
J'imagine que ce genre d'infraction insignifiante comble mon besoin de désobéissance et me garde loin de l'illégalité, la vraie, pour laquelle j'ai une prédisposition certaine.
Je suis à la maison, celle de mes parents, de mon adolescence, au Saguenay. Je ne tricherai pas en vous proposant une photo du Mont-Royal prise aujourd'hui. Ne vous ferai pas croire non plus que j'ai pris un raccourci par le Fjord (le Mont-Royal n'a pas été forgé par le passage d'un glacier dans le lac des Castors) pour aboutir Côte-Ste-Catherine.
Mais ma capacité à tricher à mon propre jeu me permet de me faire croire que je n'ai jamais quitté cet endroit (même si les pubs régionales de qualité douteuse à la télévision me rendent la tâche ardue) et que l'immensité du paysage a surveillé mon évolution pendant tout ce temps, ramenant constamment mon ego à une dimension raisonnable, me donnant quotidiennement cette balise de comparaison et l'espace pour me regarder de bien loin, dans une photo panoramique au milieu d'un paysage plus beau et plus fort que bien des humains, que moi peut-être.
Un jour, plus vite que je ne le conçoive, j'aurai passé plus de temps ailleurs qu'ici.
Je me demande quel est le pourcentage de gens qui arrivent, par exemple en s'entraînant, à faire une série de 15 au lieu d'une série de 20, à se convaincre qu'ils ont fait une série de 20 et ne jamais, pas une seconde, revenir là-dessus et s'avouer leur paresse. Moi, bien sûr. Qui d'autre? Juste par besoin de tricher, pour contourner à tout prix la règle, même fixée par soi.
Parfois, en joggant, plutôt que de diminuer délibérément la distance les jours de grand froid, je prends un raccourci et me fais croire que non.
J'imagine que ce genre d'infraction insignifiante comble mon besoin de désobéissance et me garde loin de l'illégalité, la vraie, pour laquelle j'ai une prédisposition certaine.
Je suis à la maison, celle de mes parents, de mon adolescence, au Saguenay. Je ne tricherai pas en vous proposant une photo du Mont-Royal prise aujourd'hui. Ne vous ferai pas croire non plus que j'ai pris un raccourci par le Fjord (le Mont-Royal n'a pas été forgé par le passage d'un glacier dans le lac des Castors) pour aboutir Côte-Ste-Catherine.
Mais ma capacité à tricher à mon propre jeu me permet de me faire croire que je n'ai jamais quitté cet endroit (même si les pubs régionales de qualité douteuse à la télévision me rendent la tâche ardue) et que l'immensité du paysage a surveillé mon évolution pendant tout ce temps, ramenant constamment mon ego à une dimension raisonnable, me donnant quotidiennement cette balise de comparaison et l'espace pour me regarder de bien loin, dans une photo panoramique au milieu d'un paysage plus beau et plus fort que bien des humains, que moi peut-être.
Un jour, plus vite que je ne le conçoive, j'aurai passé plus de temps ailleurs qu'ici.
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