21 avril 2009

Gagnez un peepshow

J'ai compris que je n'aurais guère à me soucier de mes facultés intellectuelles le jour où j'ai découvert que je maîtrisais facilement les figures de style. Une litote bien placée peut donner de la prestance à n'importe qui.

Ma figure préférée est la comparaison. Dans une discussion de haut niveau sur un sujet qui m'échappe, tenter une comparaison, à tout hasard, avec une situation plus près du plancher des vaches, me rend toujours service. Mon interlocuteur est ravi de savoir que je m'intéresse à ce qu'il raconte et que je cherche à participer. Ce qu'il ignore - heureusement, puisque je perdrais tout mon charme - c'est que tant qu'à être là, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de participer.

J'ai regardé la version vidéo de Peepshow, la création de la comédienne Marie Brassard, sur les ondes d'ARTV. Devant la profondeur des réflexions abordées dans le texte, agréablement stimulée, je me suis mise malgré moi à tenter quelques comparaisons.

Elle parle, entre autres, de l'incidence des choix que l'on fait à tout instant, qui influencent dramatiquement le cours des choses, et des situations que l'on rate en choisissant une voie plutôt qu'une autre.

Elle a raison, quel pouvoir immense! Et si, me disais-je pour essayer d'appliquer cette réflexion à mon quotidien, je choisissais de participer, par exemple, à la promotion ''Partez dans le sud avec Sylvain Cossette'' de Brault & Martineau? Et si je gagnais? Oh la la, fini les pannes d'inspiration: dix longues années d'anecdotes juteuses. Je n'ai rien contre lui - je connais bizarrement beaucoup trop les paroles de ses chansons - mais je ne pourrais m'empêcher de lui faire regretter ce coup de publicité vraiment désagréable pour le public.

Au souper, à l'hôtel le premier soir, par exemple, je m'entêterais à m'adresser à Andrée Watters en la prénommant Lucie, nom de l'ex-femme de Sylvain, à lui poser des questions sur l'éducation de leurs filles et à souligner leur ressemblance. Aussi, j'imprimerais les paroles de sa chanson Minuit:

Il est minuit et je veille encore
Sans bruit et sans remord
Debout dans mon décor
Moi je vis
Quand le reste du monde s'endort

et je les lui remettrais sous le nez chaque fois qu'elle daignerait manifester le désir de monter à sa chambre pour la nuit, quitte à la garder réveillée tout le long du voyage. Et ensuite, je lui dirais: ''Je ne sais pas comment tu fais pour être un oiseau de nuit. Tu es vraiment une artiste.''

Finalement, Sylvain s'en sortirait plus indemne que sa blonde, à part les fois où je lui demanderais de chanter des bouts de ses chansons pour être certaine que je ne le mélange pas avec Sylvain Lelièvre. Et je dirais, après une semaine sur la plage: ''Ah oui! Là, je vous replace! Vous, vous êtes celui chez qui on peut rentrer comme on veut; l'autre, c'est celui qui chante ''Mettez d'la ouate si ça fait mal''. Je vous mélange toujours.''

Si je choisissais de mettre toutes les chances de mon bord, on ne reverrait peut-être jamais plus un chanteur populaire associé à une pub de meubles.

Merci, Marie Brassard, pour cette savoureuse piste de réflexion.

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