13 avril 2009

Honni soit qui mal y pense, ou n'y pense pas

Telle une nouvelle pub de trente secondes qui me fait rater à tout coup les moments-clé des émissions de TVA, le séjour pascal au Saguenay m'a fait oublier qu'il existait, un peu plus au sud, une saison moins hivernale au mois d'avril, un début de printemps sur une île qu'il fera bon retrouver demain. Il ne fait pas si froid ici, mais l'étroitesse d'esprit, parfois, refroidit dramatiquement l'air ambiant et rend tout cet espace beaucoup moins douillet. Il y a aussi mon horloge intérieure qui m'aide à partir, me faisant croire que j'en ai assez au moment exact où le départ est prévu, question d'éviter le tiraillement.

Il n'est pas rare que je me demande de quelle hauteur tomberaient les gens de mon passé s'ils apprenaient certaines de mes escapades non-conventionnelles en milieu urbain. Si la liberté survient lorsqu'on ne ressent plus la honte et qu'on ne considère plus l'autocensure comme une option, j'ai encore du chemin à faire pour me déclarer heureuse et affranchie.

C'est pourtant là, dans les contrées éloignées du centre, où, sur les tables des salons et sur les tablettes des bibliothèques, on trouve de cette littérature populaire qui veut ouvrir les yeux et rendre compte de l'extérieur. On pourrait croire que personne ne la lit à part la visite. Dans les contrées éloignées, on mange du dessert et on lit Maudite Folle de Varda Étienne (du moins, c'est ce que j'ai fait). J'en repars avec le témoignage poignant d'une haïtienne écorchée et des précisions hyper utiles sur le trouble bipolaire -je n'aurais jamais lu ce livre en autre lieu, mais j'en suis fort satisfaite - pourtant le décor sonne raciste et fermé sur lui-même. J'ai croisé ici d'anciennes connaissances qui n'ont pas changé d'avis sur les étrangers depuis mon départ il y a 10 ans.

Ce n'est pas la fin du monde, cela dit. La tolérance n'est pas toujours une bonne chose. La frustration injustifiée et intrigante que l'on ressent devant la différence, par ignorance et par crainte, est une frustration comme une autre; elle ne doit pas être étouffée ou tue. On ne peut faire semblant d'être imperturbable; ça se voit tout de suite. Ceux qui nient leur propre étroitesse d'esprit sont grossiers et ridicules. Ils sont représentés publiquement par un certain Martineau qui n'a rien a voir avec les meubles.

L'intolérance assumée fait du bien, parfois. Elle égratigne en passant, aussi. C'est comme une chanson de Lynda Lemay. Elle possède toujours une part de vérité universelle qu'il n'est pas nécessaire d'entendre parce qu'on la devine, mais on se surprend à la fredonner malgré soi, la finale surtout, le dénouement si prévisible - non, sincèrement! bien sûr! - de l'histoire qui sournoisement soutire une émotion, parce qu'elle parle un peu de soi, et qu'on aime ça.
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