8 avril 2009

Errance d'une fille grippée

Le texte qui suit sera laborieux. Pour en venir à bout, j'irai de temps en temps visiter la photo du cadre de Garou plus bas sur cette page, ou revoir le montage de Geneviève Bujold publié il y a quelques jours. Je vous conseille de faire de même pour alléger la lecture, ou d'attendre à demain, où je me promets plus de légèreté.

Je suis contente d'avoir commencé à écrire sur le tard parce que lorsqu'on se met à écrire, on se rend compte assez vite qu'on ne fait finalement que ça. À partir du moment où l'on se donne ce mandat, il y a la vie que l'on mène et parallèlement, celle que l'on écrit. La première sert à la deuxième, bien sûr, mais comme on les passe toutes les deux à écrire, on est rapidement fourré, confronté à devoir puiser dans l'ancienne vie, celle d'avant l'écriture, pendant laquelle on ne cherchait pas constamment à nommer les choses ordinaires de façon à ce qu'elles le soient moins, mais pendant laquelle on se contentait de vivre. Là, à tenter de l'écrire rétrospectivement, on s'en veut de pas avoir porté attention aux détails de cette époque, trop occupé que l'on était à se donner complètement au moment présent (j'échouais plus souvent qu'à mon tour, mais j'essayais).

Plus les souvenirs s'éloignent, plus il ne reste devant soi que la vie actuelle, qui elle n'est faite que d'écriture ou de moments vécus pour elle, si bien que bientôt, il n'y a dans les livres que des écrits sur l'écriture. Tout bon écrivain a d'ailleurs pondu, souvent en fin de carrière, faute de restes de souvenirs, son essai sur l'art d'écrire. D'autres, sans plus de subtilité, ont choisi de mettre un écrivain au centre du récit et de passer par lui pour se vider la pensée. Moi, je prends de l'avance. Encore toute proche de mes souvenirs, je les laisse maturer encore avant de les raconter, au cas où j'en découvrirais des révélations intimes que je préfèrerais garder pour moi (je peux rêver), et en attendant, je me regarde écrire.

Autrement dit, je me regarde vivre. Puisque c'est la même chose. Écrire en prenant le métro (aujourd'hui, une femme toute saine d'esprit, prisonnière de ses vêtements de madame, s'étirait le cou pour écouter une conversation sans queue ni tête entre deux fous à lier qui discutaient bouteille de plastique, et plissait les yeux pour vérifier si leur apparence physique corroboraient leurs propos décousus pendant que moi, je regardais la dame en constatant que ses vêtements à elle m'avaient permis de déduire qu'elle était saine d'esprit, alors que je n'en savais finalement rien. Dans mon dos, mon instinct me disait que quelqu'un me regardait moi aussi, pour compléter le quadrilatère de senteux, et je me retournai, sachant qu'à l'écriture je pourrais choisir d'en parler ou non, pour me rendre compte qu'il s'agissait d'un indien géant au trench coat noir, complètement cliché, et j'ai décidé qu'à l'écriture, j'en parlerais. Sans l'écriture, comme devant un bon potentiel de blague déplacée sans ma meilleure amie à qui la communiquer, je ne me serais aperçue de rien. Vous me direz, qu'est-ce qu'on s'en fout? Hum.), écrire en soupant avec des amis, écrire en baisant. Surtout en baisant. Baiser pour écrire, même. Josée Blanchette peut se rhabiller - ou non, c'est vrai qu'elle est charmante - elle n'a pas le monopole de la provocation. Atteindre les sommets d'intensité pour examiner ce qu'il s'y passe et prendre des notes pour usage futur. Me soupçonne-t-on encore de ne pas pouvoir faire deux choses à la fois?
On se croirait à cent mille lieues du romantisme, mais non. Sans la certitude de trouver dans le sexe une quelconque inspiration, je ne me déplacerais souvent même pas. Comme dans le passé, quand il n'y avait pas d'alcool, ne comptiez pas sur ma présence.

Je suis contente d'avoir commencé à écrire sur le tard aussi parce qu'il n'y a pas plus usant qu'une adolescente qui écrit. Je la vois d'ici, à Noël, avec son encrier. Avouez qu'on a tous le goût de lui dire de nous crisser patience. La seule qui mérite notre attention est celle qui a été accusée de plagiat il y a quelques années. La plus réaliste de toutes. J'aurais tellement souhaité qu'elle soit plus rusée et qu'elle nous mène en bateau convenablement. Si quelqu'un met la main sur elle, dites-lui que j'ai un plan. Je vais lui apprendre à tricher comme du monde et elle deviendra célèbre.

Elle doit d'abord changer de nom. Demain, je lui en trouverai un nouveau et au nom de la légèreté, je ferai peut-être un acrostiche funny avec.
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