14 avril 2009

Période de dégel - Zone 1

Où que l'on soit au Québec ces jours-ci, il faut contourner les nids de poules. Comme à chaque année, nous avons droit au reportage en bonne et due forme au Téléjournal de 18h, servi sur un ton dramatique, comme si chaque nid de poule avait été formé par un météorite.

Les recherchistes se garochent alors sur le sujet, illuminées comme un matin de première tempête de neige, et pondent la pertinente question du jour: ''Trouvez-vous qu'il y a trop de nids de poules au Québec?'' Les lignes ouvertes sont pleines et les courriels fusent.

Si je me fie aux sources d'informations populaires, donc, je vous annonce qu'il y aurait majoritairement trop de nids de poules sur les routes du Québec.

Pour moi qui me déplace sur des patins, les nids de poules ne me dérangent pas, du moins, pas suffisamment pour que j'en jase avec François Paradis. Ils représentent des obstacles supplémentaires, oui, mais ils mettent du piquant au trajet et permettent de la fantaisie. Sans les nids de poule, comment justifierais-je certains pas de danse que je ne peux m'empêcher d'exécuter ici et là, en hommage à Ginger Rogers? Oui, je danse en patinant.

J'ai patiné dans l'eau, dans la boue, dans la neige et sur la glace, toujours sur mes roulettes. Un cycliste m'a heurtée une fois. J'ai perdu mon casque plusieurs fois. Je suis aussi passée délibérément sous un dix roues, entre les 6 premières et les 4 dernières, pour gagner du temps, mais surtout parce que je suis une enfant.

C’est par le corps que j’ai découvert l’expression humaine, vers 8 ans. J’ignore si j’ai vécu avant ça ; je ne me souviens pas. Mes parents diront que oui, mais les parents d’une larve diront que oui, aussi. Le papillon - je dis papillon pour la représentation, je n’ai pas son éclat, ni sa fragilité, ni son visage (!) - n’a pourtant pas souvenir de cette vie-là. Toujours est-il que, sachant que mon corps possède une excellente mémoire du mouvement, je savais que les aspirations futures, après être passée sous un camion et avoir descendu des pentes sans freins, ne pourraient pas, réalistement, être moins élevées. Je ne me contenterai jamais de moins. Je ne viserai jamais tellement plus haut que là où je suis allée par pure insouciance, d’ailleurs.
À moins qu'on me mette au défi. À ça, je ne résiste pas.
Répondez à emmahblogue@live.ca

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