21 avril 2009

Recto Verso

Les comportements paradoxaux sont souvent trompeurs parce qu'ils laissent croire que ceux qui les présentent se contredisent, donc sont atteints de trouble de personnalité. En réalité, ou plutôt, selon moi, nous traversons la plupart du temps de simples moments de paresse, durant lesquels nous préférons renier qui nous sommes et agir avec les moyens du bord plutôt que de viser l'intégrité, quitte à sembler hors de nos souliers.

Par exemple, j'écris régulièrement des faussetés sur Wikipédia (rien d'important, juste quelques précisions amusantes aux synopsis de téléromans des années 90, et des ajouts absurdes aux CV de quelques comédiens recyclés...) mais je continue de consulter cet outil sans remettre en doute la véracité de ses informations. Entre vous et moi, il est hors de question que je me rende aux archives de Radio-Canada pour tout et pour rien. Paresse.

Paresse aussi, moi qui ne suis jamais dupe et pour qui être en vie est la seule certitude - autrement, c'est le grand doute pervers - paresse lorsqu'on me dit qu'on m'aime et que je croie les yeux fermés. Paradoxe? Non. Paresse, mes amis.

Même chose à l'inverse. Les détours que le coeur doit prendre, parfois, pour se convaincre qu'il est amoureux, et ainsi solidifier sa certitude d'être vivant - la seule, dois-je le rappeler - sont souvent beaucoup moins lassants que l'attente prolongée, ou la bataille acharnée jusqu'aux abords du vrai sentiment.

On s'étonne moins, considérant cette nuance, des déviations subites de notre entourage. Accepter la paresse d'autrui, c'est ne rien dire quand sa meilleure amie prend un taxi avec son vélo ou qu'elle embrasse son amoureux en public (des comportements, pour la mienne, que seule la paresse pourrait expliquer).

Dans mon cas, guettez-moi si je m'avise à booker un tout inclus.

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