6 mars 2009

Aux aguets

Opérer des changements majeurs dans son mode de vie implique ouvrir davantage les yeux sur ce qui existe autour de soi, d'abord pour refaire des choix parmi l'ensemble des propositions et ensuite remplacer les anciennes coutumes par de nouvelles, plus actuelles, plus harmonieuses. Le muscle de la curiosité ainsi se développe et prend ses aises. Et sans préavis, il se fracasse le nez sur la paroi dure et froide du non-sens, tel un flamboyant participant de Wipeout.

Ma voisine possède des chiens qui émettent des cris de monstres. Les monstres, par définition, sont des créatures fantastiques imaginées par l'homme pour terroriser. Il a fallu les inventer parce qu'aucune entité réelle n'arrivait à glacer suffisamment le sang des hommes. Ma voisine, donc, s'impose d'évoluer quotidiennement dans un environnement sonore de film d'horreur, en échange d'un peu d'affection canine. Lorsque j'entends les bêtes s'entretuer de l'autre côté du mur, je comprends mieux pourquoi les résultats d'un sondage sur la tolérance peuvent être si encourageants, alors que les exemples de racisme et de sexisme pleuvent encore. Il faudrait demander aux répondants leur définition de tolérance.

C'est ma curiosité aiguisée par la quête d'exemples qui m'amène à soulever ce comportement. Ce n'est pas de gaieté de cœur. Je ne suis pas de nature curieuse. Si Chantal Lacroix était ma voisine, j'aurais des anecdotes d'entraide excessive à raconter. Il n'est peut-être pas une mauvaise idée de choisir son logis en fonction de ses voisins, et ses voisins en fonction de ce qu'ils nous offrent comme image. Il est aussi une bonne idée de ne pas laisser entrer André Arthur chez soi par le téléviseur.

Si je pouvais choisir mon voisin, je sélectionnerais Benoît Girard ou Christiane Pasquier (pour ceux qui ne les connaissent pas, remplacez la fin de la phrase par ''des gens qui ne brassent pas fort fort, mais qu'on ne pourrait s'empêcher d'épier''.

La curiosité développe la patience. Les paparazzis n'ont pas que des défauts. Observer est le propre de celui qui écrit, mais c'est aussi l'obligation de celui qui veut guérir. En ce sens, il faut s'attendre à être sollicité par plusieurs médecins charlatans qui distribueront diagnostics et remèdes à l'aveuglette. Et à passer tout droit devant le vrai potentiel guérisseur, trop préoccupé que l'on est (ou que je suis) à souligner les absurdités environnantes, qui pour vrai prennent souvent toute la place dans le portrait, mais qui ne guérissent rien en bout de ligne, laissant le curieux, malgré toute l'acuité qu'il possède, bien perdant et bien démoralisé certains jours.
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