29 mars 2009

Formule brute

Tout est science. Je l'ai dit. Ça ne m'enchante pas, au contraire. Tout est molécule, composition, machine, fonctionnement. La petite fille en moi qui croit encore aux miracles la trouve raide, croyez-moi. Mais il y a longtemps que je suis au courant; j'ai eu le temps de me faire à l'idée, mais je n'en suis pas moins désolée.

Ça veut dire que l'infaillible existe, c'est grave.

Quand je dis miracles, je ne parle pas de ceux de la médecine ou des exploits surhumains; il n'y a pas plus scientifique qu'un exploit surhumain. Je parle des miracles comme l'apparition d'une fée ou comme le décret d'un congé obligatoire durant les Internationaux de Tennis. Je parle des vrais miracles, où il y aurait une petite musique de scintillement et des yeux incrédules.

Se rendre compte que tout est physique ou chimique doit être une déception pour chaque personne pour qui l'imagination est à la fois un outil de travail et à l'origine des plus grands moments de sa vie. (Ça donne aussi beaucoup trop de crédit à un certain prof du secondaire à la démagogie bancale qui, selon ma théorie, possèderait donc la clé du mystère de la vie. Un instant, avait-il seulement compris ce qu'il enseignait?).

Il est en effet décevant pour tout artiste d'apprendre comment se déclenche dans le cerveau et dans le corps entier le processus de réflexion, de création. Que c'est aussi scientifique que le principe d'absorption de nutriments pour fournir un effort physique. Vraiment, on est loin de la version romantique qui veut qu'un artiste soit soudainement happé par une force supérieure à laquelle il servira de canal pour transmettre un message qui changera le monde. Fini la poésie de l'artiste élu, de l'illuminé. Non, la concentration, le fait de mobiliser ses facultés mentales sur une action précise, sur une idée (propulsant le sang directement au cerveau), est probablement responsable de la naissance de la majorité des chefs-d’œuvre, davantage en tout cas que l'hypothèse de l'ensorcellement par une entité créatrice venue de l'au-delà.

Même chose pour les émotions. Désolée, tout ça relève de la chimie.

Les artistes sont, pour ainsi dire, au service de la science. Après tout, on teste sur eux depuis des années les effets du lithium et des antidépresseurs. Ne sont-ils pas aussi les plus beaux spécimens de toxicomanes?

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