J'ai bien essayé de devenir une adulte. Ça m'a rendue malade. Je n'y arriverai probablement jamais, comme d'autres n'arriveront jamais à se délecter d'un bonheur simple. Je m'y suis mal prise, il faut dire, et me voilà échaudée. Je me souviens d'avoir remplacé mes histoires d'enfant par des responsabilités. Mauvais choix, s'il en est; les deux peuvent sûrement coexister, tant que les responsabilités ne deviennent pas l'intrigue principale d'une histoire prévisible à mourir. J'aurais dû remplacer quelques histoires par, tiens, des faits, des connaissances historiques ou géographiques. Ça donne de la crédibilité aux histoires.
Sachez que jamais je n’ai porté attention à ces détails et que si l’on ne se fiait qu’à moi pour transposer ma vie en images, il n’y aurait pas de nom de rue sur les panneaux indicateurs et aucune différence de style vestimentaire entre les années 90 et 2000.
Cette précision dans le lieu et dans le temps est pourtant une manie d’écrivain. Je la soupçonne d'être un compromis parfois, que les auteurs font pour confirmer leur statut de raconteurs. Ils se contraignent à donner des informations précises au lecteur pour ne pas se faire accuser d’étourderie et de manque de rigueur. Honnêtement, la plupart se foutent bien des détours factuels qu’ils emprunteront pour finalement parler d'eux-mêmes:
‘’Un jour où Robert devait venir pour vingt-quatre heures à Tansonville, je fus stupéfait de la voir venir se mettre à table(…)’’(Marcel Proust, Le temps retrouvé, p.65).
L'écrivain enviera toujours secrètement les historiens et les journalistes, qui eux ont réussi à devenir des adultes, et essaiera souvent de les imiter en utilisant leurs procédés, sans toutefois manquer d'en être profondément désintéressé.
Penser à ses responsabilités juste assez pour ne pas y penser tout le temps. Ça se peut sur papier. La vérité, c'est que je suis tout à fait capable de ne me rendre responsable de rien et de n'y penser jamais. Une enfant, je vous dis.
Sachez que jamais je n’ai porté attention à ces détails et que si l’on ne se fiait qu’à moi pour transposer ma vie en images, il n’y aurait pas de nom de rue sur les panneaux indicateurs et aucune différence de style vestimentaire entre les années 90 et 2000.
Cette précision dans le lieu et dans le temps est pourtant une manie d’écrivain. Je la soupçonne d'être un compromis parfois, que les auteurs font pour confirmer leur statut de raconteurs. Ils se contraignent à donner des informations précises au lecteur pour ne pas se faire accuser d’étourderie et de manque de rigueur. Honnêtement, la plupart se foutent bien des détours factuels qu’ils emprunteront pour finalement parler d'eux-mêmes:
‘’Un jour où Robert devait venir pour vingt-quatre heures à Tansonville, je fus stupéfait de la voir venir se mettre à table(…)’’(Marcel Proust, Le temps retrouvé, p.65).
L'écrivain enviera toujours secrètement les historiens et les journalistes, qui eux ont réussi à devenir des adultes, et essaiera souvent de les imiter en utilisant leurs procédés, sans toutefois manquer d'en être profondément désintéressé.
Penser à ses responsabilités juste assez pour ne pas y penser tout le temps. Ça se peut sur papier. La vérité, c'est que je suis tout à fait capable de ne me rendre responsable de rien et de n'y penser jamais. Une enfant, je vous dis.
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