J'écris des lettres. Je fais ça pour exprimer mon sens du tragique. Au quotidien, je suis agréable et joviale. Dans mes lettres, je suis insupportablement lourde et lancinante. Si c'est votre anniversaire, une lettre de moi pourrait tuer votre esprit festif. Si je suis amoureuse de vous, ne l'ouvrez même pas.
Il faut voir le personnage qui s'attable, se faisant croire qu'il s'apprête à inonder son correspondant de compliments et de gentillesses alors qu'il déversera plutôt sur lui ses propres tourments. Que j'aimerais devoir porter des lunettes à ce moment-là, et me permettre un verre de scotch, pour l'image. Un jour, chez un antiquaire, j'ai hésité devant une lanterne et un encrier.
C'est mon côté romantique, sa seule manifestation ou presque (je vous parlerai un jour de mon amour pour la musique country). C'est aussi la nostalgie des siècles derniers, la libre expression de la partie de moi qui aurait tant aimé compter Simone de Beauvoir parmi ses connaissances.
Je ne les envoie pas toutes, mes lettres. Parce que si l'acte de les écrire a quelque chose de théâtral, leur processus d'expédition, dans mon imaginaire, frôle l'épopée.
J'ai mis presque deux mois à me remettre de mon dernier envoi. J’ai déposé la lettre à la poste, d’un geste assuré, et la photographie mentale que j’en ai prise au fond de la boîte aux lettres, au milieu des toutes les enveloppes, adressées aussi minutieusement que la mienne, dans lesquelles mes voisins avaient déposés d’autres informations précieuses, m'est restée en tête et m'a fait découvrir l'insomnie.
Mille fois plus que le fait que la main du destinataire éventuellement risquaient de la tenir, que ses yeux la parcourraient sûrement et que son être intégrerait les nouveaux paramètres qu’elle lui apprendrait, voulait avant tout dire pour moi que l’histoire se continuait, reprenait là ou elle avait été laissée. Que les prochains jours allaient au moins me donner l’excitation de penser qu’à tout instant, sa pensée possiblement se dirigerait vers moi. Avec un peu de chance, ma tristesse avait, savait-on jamais, rejoint la tristesse de quelqu’un d’autre au fond de la boîte et de nous voir, comme ça, en train de chercher par tous les moyens sinon de s’en libérer, du moins de l’atténuer, me réconciliait avec elle et me soulageait grandement.
Il y aurait tôt ou tard des conséquences à l’envoi d’une telle missive et l’étendue des possibilités étant infinie, j’appréhendais l’avenue qu’emprunterait la situation comme on redoute la nouvelle venant du téléphone au milieu de la nuit. Et tranquillement, l’angoisse a trouvé son chemin et fait son nid à l’intérieur de moi, si bien qu’à un certain moment, j’ai bien cru être sa définition.
Je préfère envoyer un message texte.
Il faut voir le personnage qui s'attable, se faisant croire qu'il s'apprête à inonder son correspondant de compliments et de gentillesses alors qu'il déversera plutôt sur lui ses propres tourments. Que j'aimerais devoir porter des lunettes à ce moment-là, et me permettre un verre de scotch, pour l'image. Un jour, chez un antiquaire, j'ai hésité devant une lanterne et un encrier.
C'est mon côté romantique, sa seule manifestation ou presque (je vous parlerai un jour de mon amour pour la musique country). C'est aussi la nostalgie des siècles derniers, la libre expression de la partie de moi qui aurait tant aimé compter Simone de Beauvoir parmi ses connaissances.
Je ne les envoie pas toutes, mes lettres. Parce que si l'acte de les écrire a quelque chose de théâtral, leur processus d'expédition, dans mon imaginaire, frôle l'épopée.
J'ai mis presque deux mois à me remettre de mon dernier envoi. J’ai déposé la lettre à la poste, d’un geste assuré, et la photographie mentale que j’en ai prise au fond de la boîte aux lettres, au milieu des toutes les enveloppes, adressées aussi minutieusement que la mienne, dans lesquelles mes voisins avaient déposés d’autres informations précieuses, m'est restée en tête et m'a fait découvrir l'insomnie.
Mille fois plus que le fait que la main du destinataire éventuellement risquaient de la tenir, que ses yeux la parcourraient sûrement et que son être intégrerait les nouveaux paramètres qu’elle lui apprendrait, voulait avant tout dire pour moi que l’histoire se continuait, reprenait là ou elle avait été laissée. Que les prochains jours allaient au moins me donner l’excitation de penser qu’à tout instant, sa pensée possiblement se dirigerait vers moi. Avec un peu de chance, ma tristesse avait, savait-on jamais, rejoint la tristesse de quelqu’un d’autre au fond de la boîte et de nous voir, comme ça, en train de chercher par tous les moyens sinon de s’en libérer, du moins de l’atténuer, me réconciliait avec elle et me soulageait grandement.
Il y aurait tôt ou tard des conséquences à l’envoi d’une telle missive et l’étendue des possibilités étant infinie, j’appréhendais l’avenue qu’emprunterait la situation comme on redoute la nouvelle venant du téléphone au milieu de la nuit. Et tranquillement, l’angoisse a trouvé son chemin et fait son nid à l’intérieur de moi, si bien qu’à un certain moment, j’ai bien cru être sa définition.
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