24 mars 2009

Temps perdu

Me voilà prise au piège, celui que je dénonce et que je reproche aux autres de ne pas voir, de ne pas vouloir voir. Le manque de temps. Ce n'est pas la première fois que je ne contourne pas les défauts qui m'agacent chez les autres. Combien de fois ai-je clamé que le monde se porterait mieux si chacun savait ce qu'il vaut et s'en tenait à ça, que le pourcentage de chance de se surprendre soi-même est beaucoup plus élevé si l’on ne s'emballe pas trop au départ, alors que je continue de me surestimer quotidiennement?

Je fuis le prétexte du manque de temps comme la peste (ou l'influenza, moins caduque). On ne veut pas, dans son entourage, de quelqu'un qui manque de temps pour tout; c'est impossible. Il y a sûrement quelque chose de superflu qui engorge l'agenda. Je ne réinvente pas la roue, on parle du manque de temps depuis des lunes (depuis Parler pour Parler, minimum). Je sais que certaines situations sont plus accaparantes que d'autres; parlez-en à Jon and Kate de TLC. Mais ils passent à travers la vie au même rythme que tout le monde, sans avoir plus de temps mais en assumant leurs choix.

Quelqu'un qui se plaint constamment du manque de temps passe nécessairement trop temps là où il ne devrait pas. Et, pour spécifier aux jeunes nouveaux professionnels du Mile-End ou à toutes les stagiaires en télévision du monde entier, il ne fait pas partie des avantages sociaux de se plaindre du manque de temps. Ce n'est pas un talent, ça ne veut pas dire qu'on travaille mieux; on ne peut pas s'en vanter pour justifier un laisser-aller au niveau de l'alimentation, une relation amoureuse dévalorisante ou une absence à l'enterrement d'un proche. C'est l'excuse facile; même un astronaute serait tenté de dire ''J'ai manqué de temps pour venir à ton mariage.'' plutôt que ''J'étais dans l'espace.''

Je sais de source sure que plusieurs personnes se téléphonent pour passer du temps à s'énumérer les choses qu'elles ne font pas par manque de temps. C'est vrai qu'elles n'ont pas ma chance; passer du temps à écrire que j'ai peur de manquer de temps pour écrire, alors que je m'étais promis de ne pas tomber dans le piège du manque de temps, et l'écrire en même temps que j'y pense, pour finalement me rendre compte que j'ai eu le temps de le faire.

Je viens en plus de démystifier la façon de travailler d'Élyse Marquis, dans son ‘’radiothon’’ quotidien de 9h à 16h sans recherchiste.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Commettez-vous ici