3 mars 2009

Faire la paire

Le meilleur ami de l'homme n'est pas le chien, n'en déplaise à Louise Forestier. Si la référence ne vous dit rien, c'est donc que j'ai fait un cauchemar dans lequel Louise Forestier avait perdu la tête et qu'on la laissait chanter ''j'aime un chien'' sur tous les plateaux de télévision, les yeux vitreux.

Le meilleur ami du monde est celui auprès de qui nous ne nous sentons menacés de rien. Celui que nous laissons discuter librement avec notre mère sans mourir d'inquiétude. Celui que nous admirons juste assez pour prendre son opinion en considération, pour avoir envie de le rendre fier, et pas assez pour accepter d'être dans son ombre, ou pour voler ses vêtements (si Kylie Minogue me proposait son amitié, il serait de mon devoir de refuser). Le meilleur ami du monde est aussi celui aux côtés de qui nos séances hebdomadaires de body fitness ne deviennent pas soudainement stériles. Désolée Kylie. En revanche, celui qui côtoya Louis Cyr de trop près s'est peut-être considéré petit à tort toute sa vie. Peut-être n'a-t-il jamais soulevé les montagnes qu'il aurait dû.

Le meilleur ami du monde est celui auprès de qui il ne se passe rien. Juste une complicité, un silence brisé pour ne vivre que le moment présent, ou pour faire une blague gratuite sur Martin Deschamps (pour ceux qui osent). Pas de jalousie, pas de pitié, pas de projection surtout. Et pas de fusion complète - le contrat amical ne propose pas cette clause, du moins ne la recommande pas. Voyez ce qu'il est advenu de Paris et Nicole, de Dodo et Denise, de Francis et Vincent (Kiwis). Francis volait-il les vêtements de Vincent pour humer son parfum dans sa voiture? Peut-être. Vincent, quant à lui, envoyait sûrement des vœux de bonne fête à tout l'entourage de Francis en émettant des signaux de fumée, ce qui à la longue irrite la gorge. La situation est vite devenue intolérable pour les deux parties.

Mais si l'image de Gaston Lepage et Patrice L'Écuyer, tout sourire dans une chaloupe, sur un lac perdu du Nord québécois, est la représentation idyllique de l'amitié dans mon imaginaire, elle n'est toutefois pas la plus dynamique.

Avant que la sagesse ne m'assomme pour de vrai, je prévois encore viser plus grand que moi en amitié, quitte à mettre une croix sur ma tranquillité et à vivre dans l'insécurité.

Trouver un meilleur ami, donc, est beaucoup plus complexe que d'aller faire un tour à l'animalerie. Qu'on fasse taire Louise Forestier. Mais il n'est pas nécessaire d'avoir le meilleur ami parfait. Il est plus classique d'avoir un meilleur ami qui nous mette dans tous nos états parce qu'il réveille en nous des sentiments refoulés, qu'il expose devant nous des qualités et aptitudes que nous ne possédons pas. D'avoir un ami à qui nous sommes tentés de nous comparer, qui nous fait suffoquer lorsqu'il discute avec notre mère. Plus classique d'avoir un ami qui partage les mêmes intérêts que nous, donc qui nous dérange en étant soit plus compétent, soit moins sérieux, ou, le comble! les deux à la fois.
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