23 mars 2009

L'autobus du show-business

Tel un serpent autour du cou d'Eric Lapointe, je me sens bousculée ce matin, comme catapultée dans un autre pays... C'est l'hiver à nouveau. Je n'en parlerai pas; je voulais juste ploguer le serpent.

Ça m'amuse de penser que pour un moment de télévision aussi peu gagnant, un animalier ait dû se déplacer avec une cage, participer à la répétition, souper avec l'équipe, faire souper le serpent, attendre en coulisses, guetter si le serpent ne se mettrait pas à freaker sur les épaules du chanteur et rentrer chez lui, tout incrédule de constater que son métier lui donne la chance d'adresser la parole à Dany Bédar.

Ce qui veut dire qu'hier, en plus des familles proches, éloignées, très éloignées ou tout à fait inconnues des académiciens, il y avait à l'écoute, hystériques et prêts à voter, les proches du serpent et de son charmeur.

Star Académie est le spectacle de tout le monde, parce que tous les Québécois sont reliés de près ou de loin à un participant, à quelqu'un du staff ou à une partie du décor (je connais quelqu'un qui connaît quelqu'un qui a posé le tapis à l'Académie et dont la vie a complètement basculé); on aime tous participer à l'érection d'un succès, ce qui en fait obligatoirement, si l'on suit la logique, un succès.

Cela fait de lui un tout petit spectacle, par le fait même. Un spectacle de sous-sol où tout le village est invité. Avec Mitsou dans le rôle de la groupie et son amoureux Iohann, le manteau sur le dos, dans celui du mononcle qui serait arrivé en retard. Et des gros plans de matante Patricia Tulasne, qui semble survoltée d'avoir réussi à entrer avec sa vieille accréditation de TVA, expirée depuis La Misère des Riches.

Un spectacle que tout le monde s'approprie et qu'il semble plus agréable à regarder qu'à faire. Tant mieux. Mais ne nous étonnons pas si, ensuite, il est plus difficile pour les gens du public de croire au rêve, à la magie du show-business, au glamour et aux artistes plus grands que nature; bientôt, ils auront fait la file devant les Studios Mel's aux côtés de toute la colonie artistique, de Charles Lafortune à André Robitaille, aussi fanatiques et ordinaires que nous le dimanche soir, le Kanuk en plus, pour applaudir, les larmes aux yeux, le départ d'un autobus rempli de chanteurs en formation.

C'est connu, je n'aime pas quand les gens engagés pour faire rêver le public se mettent à rêver en public. C'est comme si j'offrais du pain à mon boulanger et qu'il préférait le mien. Je devrais changer de boulanger, non?

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